Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Niger : Insécurité, corruption et mal gouvernance / Par Abdoulahi ATTAYOUB

Publié le dimanche 15 mars 2020  |  nigerdiaspora.net
Issoufou
© Autre presse par DR
Issoufou Katambé, Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement
Comment


Le scandale révélé par un audit interne au Ministère de la Défense nationale vient lever le voile sur l’ampleur inquiétante de la corruption au sein des institutions de l’Etat. Le Président de la République et son ministre de la Défense, Issoufou Katambé, ont ainsi décidé d’exposer au grand jour les dysfonctionnements que nombre de Nigériens soupçonnaient depuis des années. Plusieurs centaines de milliards de francs CFA, destinés aux Forces de défense et de sécurité (FDS), ont été dilapidés dans un contexte d’insécurité sans précèdent pour le pays.

Aujourd’hui la finalisation et la suite à donner à cet audit font l’objet d’une mobilisation générale de divers acteurs de la vie publique au Niger afin de presser le gouvernement de laisser la Justice faire son travail. Les prises de position de multiples représentants de l’appareil judiciaire et de la société civile constituent un signal encourageant pour la progression d’une culture démocratique plus que jamais nécessaire à l’avenir du pays

L'insolence, l'indécence, l’ignominie de certains comportements ne devraient pas laisser le Président Issoufou insensible car ils renvoient en creux aux souffrances d'une grande partie de la population. Sans céder ni à la naïveté ni à la démagogie, il est légitime d’attendre des mesures à la hauteur des dommages et du préjudice causés à l’État et à l’ensemble des citoyens par ces malversations.

Des mesures politiques et administratives auraient dû être prises dès lors que des éléments probants les justifiaient. Il reviendra ensuite à la justice de se prononcer. L'opinion publique aura du mal à tolérer que des responsables politiques, dont les noms sont cités, continuent à exercer des fonctions publiques. Sans préjuger de leur culpabilité, il s'agit de permettre aux citoyens de garder leur confiance en la République, ses institutions et ses valeurs.

Les détournements en question, s’ils devaient être confirmés au niveau annoncé, constitueraient une grave atteinte à la sûreté de l'État et à la sécurité des citoyens. La moindre complaisance serait considérée comme un “deux poids deux mesures” insupportable pour l'opinion nationale. Le courage politique consisterait à faire le choix de l'Histoire et de l’intérêt du pays.

Par ailleurs, une instrumentalisation de ce scandale, à unique fin de basse politique contre le gouvernement, nuirait considérablement aux fondements de l’État et risquerait de se réduire à une banale querelle entre le Pouvoir et ses opposants. Les autorités en possession de cet audit, en s’entourant néanmoins des précautions garantissant la présomption d’innocence, devraient le rendre public, faisant ainsi preuve de transparence et de leur volonté à traiter convenablement ce dossier. Il serait ravageur pour l’Etat de droit qu’une quelconque manœuvre laisse penser à une mainmise du pouvoir politique sur la justice dans cette affaire.

Le Président Mahamadou ISSOUFOU se trouve à la croisée des chemins. De la manière dont il traitera cette nouvelle affaire de l’audit du ministère de la Défense, dépendra l’image qu’il laissera au pays ainsi que celle d’une décennie de gouvernance du PNDS-Taraya (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme).

Le PNDS, généralement considéré comme le parti des « intellectuels » et sans doute un des moins fondé sur des bases ethno-régionalistes, a détenu tous les leviers pour marquer positivement l’Histoire du pays en matière de bonne gouvernance et de modernité. Les Nigériens étaient en droit de s’attendre à une gouvernance didactique qui allait consolider les instituions de l’Etat et procéder à des réformes structurelles susceptibles de corriger les distorsions héritées des administrations précédentes. Hélas ! force est de constater que les dérives accumulées ces dernières années ont annihilé cet espoir et donné le sentiment que le pays n’avait jamais atteint un si haut degré de corruption.

Un acte fort et sans ambiguïté de la part du chef de l'État rassurerait sur sa volonté et sa capacité à maintenir le cap du processus démocratique en cours depuis la Conférence nationale.
Lyon le 13 mars 2020
Commentaires

Dans le sous-dossier