Nigerdiaspora a interviewé pour sa rubrique « Nigérien de la semaine », Monsieur Adamou MOUSSA SALEY, un Ingénieur en Télécoms qui a bien voulu nous accorder cet entretien. Dans l’interview qui va suivre, l’Ingénieur MOUSSA SALEY nous a d’abord retracé son parcours académique qui à tout point de vue a été un succès.
Vous découvrirez ainsi dans ces échanges avec ce digne fils du pays, tout une montagne d’expériences professionnelles qu’il a bien voulu partager avec nous. Adamou MOUSSA SALEY démontre aussi dans cet entretien, l’importance des Télécommunications dans le développement d’un peuple, avant d’exhorter la jeunesse à s’investir dans la recherche du savoir. Lisez plutôt.
Adamou Moussa S Quel a été votre parcours académique ?
Après mes études primaires à l’école plateau de Niamey, j’ai intégré le Collège d’Enseignement Général (CEG VI) de Niamey, puis le lycée Issa Korombé où j’obtins mon BAC, série D.
J’ai bénéficié d’une bourse de l’Etat Nigérien pour poursuivre mes études successivement en Côte d’Ivoire pour les deux premiers cycles du supérieur et au Sénégal pour des études en Master de télécommunications à l’Ecole supérieure Multinationale des Télécommunications (ESMT) en 2004.
Ces formations m’ont doté d’une connaissance pointue dans les communications par satellites qui, à l’époque, était le support de transmission incontournable, surtout pour les pays n’ayant pas accès à la mer comme le Niger.
Afin de joindre l’utile à l’agréable, j’ai joins à ma base technique des outils de management d’abord à l’université Cheick Anta Diop (UCAD) de Dakar où j’ai entrepris un MBA-CAE (Création et Administration des Entreprises) à la faculté des sciences économiques et juridique, précisément à l’IFACE, puis à terrapin training center à Johannesburg (Exécutive MBA) en 2007.
Cette double compétence m’a permis de décrocher mon premier poste en temps plein en Johannesburg (Afrique du sud) comme responsable de portefeuille Afrique de l’ouest et du centre.
Afin de me spécialiser d’avantage, je me suis réorienté vers l’architecture des télécommunications, ce qui m’a amené à Télécom Paris Tech en (France) pour un cursus de troisième cycle en architecture des télécoms, orientée multiservices et parallèlement j’ai continué mes études de doctorat en business administration à Londres dans l’entreprenariat.
J’ai une vie sociale aussi. Je suis marié et j’ai une petite fille de deux mois.
Adamou Moussa S 1Qu'est-ce qui vous a poussé vers la télécommunication ?
Les télécommunications sont les secteurs porteurs d’avenir et les communications par satellites une niche incontournable. A l’ESMT de Dakar, j’avais la possibilité entre la transmission et la commutation mais j’ai porté mon choix sur le premier, car il y’a une diversité d’opportunités aussi bien, chez les opérateurs de télécommunications, qu’auprès des multinationales ayant une présence géographique africaine et mondiale.
Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos expériences professionnelles nationales et internationales ?
Comme évoqué précédemment, mon premier poste en temps plein était un poste à l’international dans une multinationale des Télécommunications dont le siège était basé à Londres. J’étais basé à fourways (Johannesburg) et étais en charge de l’Afrique de l’ouest et du centre où je m’occupais du développement du portefeuille et du maintien de la relation partenariale avec les opérateurs de télécommunications de la région dont Celtel à l’époque, Telecel, Moov, Togocellulaire, Mauritel et bien d’autres….
Bien entendu avant ce moment et parallèlement à mes études de 3é cycle, j’ai eu l’occasion de travailler en temps partiel en tant que consultant/formateur dans les ‘’start up’’ sénégalaises et les centres de formation continue comme SUP INFO, Challenge Télécom, ce qui me permettait de payer mes scolarités et mener une vie sociale estudiantine appréciable. J’ai intégré ensuite le groupe France Télécom /Orange en 2009 comme Architecte Transverse des services de télécommunications de la zone Afrique, Moyen Orient & Asie. Cette multinationale m’a permis d’être la continuité sur l’international mais sur des tâches beaucoup plus techniques. Je n’ai pas eu l’opportunité de travailler directement au Niger, mais comme bon nombre de la diaspora, je contribue à travers des débats intellectuels lors des forums nationaux et internationaux via Niger Talents. Le dernier date du 04 décembre 2004 à Bercy sur la relance économique entre l’Afrique et la France. Nous avons modestement contribué aux échanges de l’initiative ‘’UNIDO green industry initiative for sustainable industrial development’’ organisé par les Nations Unies et le Ministère du redressement productif au siége de l’UNESCO à Paris, le 04 avril 2013. Le blog mis en place par Niger Talents nous permettait de participer au débat national et à cet effet, nous avons eu l’opportunité de participer au forum de la diaspora organisé à Niamey par le ministère des affaires étrangères et des nigériens de l’extérieur. Comme vous le constatez, chaque fois que j’ai l’opportunité de participer à une activité qui pourrait apporter une plus-value, je me suis investi.
Adamou Moussa S 5Quels sont les enseignements que vous avez tirés de votre expérience ?
Ce parcours à l’international est riche en expériences professionnelles et personnelles à cause des compétences qu’on acquiert et de la diversité de métiers qui m’enrichit dans le temps. Je suis originaire d’un pays francophone mais aujourd’hui, j’évolue et travaille dans un milieu où l’anglais reste la langue de travail. ‘’Culturellement’’ parlant, les voyages au bout du monde que j’ai connus m’ont permis de comprendre que la diversité et le brassage culturel est la clé du succès à tous les niveaux si l’on sait s’en servir.
Quelles sont les difficultés et les éléments facilitateurs que vous avez rencontrés en tant que cadre Nigérien en France ?
Ce qui est difficile, c’est le logement quand on arrive nouvellement en France en tant qu’étudiant. Personnellement, je n’ai pas eu de difficulté pour m’intégrer car j’ai bénéficié d’un logement à la cité Universitaire de Paris (cité U) dans la maison franco-britannique dès mon arrivée à Paris grâce à mon école et le rectorat de la cité Universitaire. J’ai dirigé la section sport du BDR (Bureau Des Résidents) pendant un an, je participai aux activités organisées par les autres maisons et donc, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. Pour information, cette cité est la plus grande cité universitaire en France qui accueille les étudiants étrangers du monde entier.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours d'Ingénieur Télécom ?
Certes, j’étais de la ‘’génération sacrifiée’’ (rire), c’est à dire que nous étions boursiers de l’Etat sans pour autant bénéficier, en gros un titre de boursier juste sur le papier. Il faut se battre pour survivre. Pour la petite histoire, à Dakar, j’étais le secrétaire général de l’USN (Union des scolaires Nigériens) 2003-2004, je passais des moments inimaginables pour rencontrer les Nigériens haut placés dans les institutions internationales ou les responsables politiques de passage à Dakar et qui nous donne l’occasion de les rencontrer pour débloquer auprès de l’Etat Nigérien, les frais d’inscription et les bourses de mes camarades, souvent il suffit d’un simple coup de fil pour résoudre un problème récurrent, resté longtemps sans réponse, c’était une bonne expérience….
Cependant, le Niger m’a tout donné depuis l’enfance, j’ai toujours étudié dans des établissements publics, j’en suis reconnaissant, je reste très attaché.
Adamou Moussa S 2Quelles sont les valeurs qui vous ont guidé ?
Travail, Rigueur, Responsabilité sont mes références de base. -Travail : comme le disait l’autre, «le travail est libérateur», il m’a permis de réaliser mon rêve d’enfance, devenir un jour ingénieur en Télécoms. -Rigueur : La rigueur m’a permis de me surmonter et de transcender les difficultés de la vie, je vous avoue, j’ai connu des montagnes ! - La responsabilité : J’ai appris très tôt le sens de la responsabilité, je suis le seul maître de mon destin, dans ce sens, j’ai fait la différence entre ce qui m’enrichit et ce qui m’appauvrit.
Quels constats faites-vous aujourd'hui de la situation des télécommunications satellites au Niger, en Afrique et dans le monde ?
Pendant longtemps, les communications par satellites étaient l’un des supports incontournables pour véhiculer le trafic à l’international, c’est le support, malgré quelques caprices saisonniers, le plus indispensable pour la transmission de l’information. Avant l’avènement de la libéralisation, la Sonitel dispose d’un cœur nodal supporté par la station terrienne, cependant, la donne a changé ces dernières années avec l’émergence de la fibre.
Adamou Moussa S 7Avez-vous des solutions, des projets ou plans pour le développement et le rayonnement des télécommunications satellites au Niger?
Pendant longtemps, nous avons eu recours aux télécommunications par satellites, mais sont-elles le moyen idéal de nos jours ? Un nouvel entrant vient d’entrer dans le jeu, c’est la fibre optique et celle-ci dispose d’une bande passante assez large pouvant prendre en charge des trafics inestimables et à des temps record. Ainsi, de par le principe incontournable des Télécoms, qu’est la redondance, il faut prioriser le projet d’installation de la fibre optique tout en gardant un regard sur les communications par satellites comme support de secours.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle ?
Je pense que les études sont le moyen le plus sûr et l’investissement étant un ROI (Retour Sur Investissement) quasi certain si l’on se donne les moyens, c’est pourquoi j’invite tous les jeunes à s’y atteler. La persévérance reste et demeure la clé de la réussite dans le monde concurrentiel dans lequel nous vivons où la qualité de la formation et les compétences sont, et resteront les références de choix.
Je finis avec ce conseil ‘’ Il y’a tant de difficultés sur la sinueuse voie qui mène à la réussite mais faites de la rigueur et de la responsabilité votre cheval de bataille’’.