Amères vérités : Le Président Issoufou, chef suprême des armées, aurait sans doute été bien inspiré en faisant un petit tour à Nguiguimi pour saluer son pair tchadien et faire d’une pierre, un coup en remontant le moral aux troupes nigériennes

Publié le lundi 13 avril 2020 | nigerdiaspora.com

© Autre presse par DR
Le chef de l`état rend hommage á l`armée

Idriss Déby est, certes un dictateur, mais il reste incontestablement un homme d’Etat soucieux de la sécurité de son pays et pleinement conscient de ses responsabilités. S’il est peu regardant sur l’exercice des libertés publiques et qu’on l’accuse même d’avoir commandité la mort de certains de ses opposants politiques, l’homme est toutefois d’un patriotisme ombrageux, prêt à se porter devant son armée pour réagir vigoureusement aux attaques terroristes. C’est un soldat de métier et il a donné la preuve qu’il reste, avant tout, un soldat. Il a quité son douillet palais présidentiel pour s’installer en terre nigérienne, à Nguiguimi, afin de booster le moral de ses troupes, en sa qualité de chef suprême des armées tchadiennes. Un fait qui n’est pas à la portée de tous les chefs d’Etat et c’est bien un retour légitime que les Africains, un peu partout à travers le monde, lui vouent un profond respect.

Le Niger a fait l’objet de plusieurs attaques similaires où le bilan humain a frôlé l’hécatombe. Mais, personne n’a vu le Président Issoufou Mahamadou, en pareilles circonstances, se déplacer sur place, pour aller exprimer sa douleur, remonter le moral des troupes et ordonner la préparation d’une riposte pour venger ceux qui sont tombés et imposer le respect du Niger.

Lors du séjour d’Idriss Déby en terre nigérienne, il aurait sans doute été bien inspiré en faisant un petit tour à Nguiguimi pour saluer son pair tchadien et faire d’une pierre, un coup en remontant le moral aux troupes nigériennes qui devaient prendre part à l’offensive tchadienne. Mais il est tranquillement resté à Niamey, sans autre souci que de faire un appel à la solidarité internationale afin que les pays occidentaux fassent preuve de solidarité et de générosité vis-àvis du Niger. Une attitude choquante, l’intéressé ayant tenu à propager sa demande par voie de presse. Et c’est tout naturellement France24 qu’il a choisie pour faire connaître son attente.

La vérité est amère, mais il vaut mieux la dire que de faire la promotion du mensonge. Quelle crédibilité un chef d’Etat peut-il avoir lorsqu’il refuse de reprendre des milliards frauduleusement soutirés des caisses de l’Etat par des commis et officiers de l’armée véreux, mais qui tend la main pour qu’on lui donne des miettes sans rapport avec ce qui est détourné ? Comment peutil convaincre que son pays a besoin d’aide parce que n’ayant pas de ressources financières suffisantes pour faire face au défi ? Le plan de riposte doit-il attendre la générosité de pays amis, eux-mêmes confrontés à la pandémie dans de plus graves proportions ?

Un milliard, c’est la contribution de l’Etat pour lutter contre le COVID 19. N’est-ce pas dérisoire et ridicule ? Dans tous les pays dont nous suivons attentivement les efforts contre le COVID 19, l’Etat est au premier plan avec des moyens conséquents. Et lorsque les ressources financières font défaut à un niveau, les autorités font preuve d’inventivité pour chercher et mettre à la disposition des malades des protocoles avec lesquels, quoi qu’on dise ailleurs, elles arrivent à guérir des malades. Chez nous, toute la communication gouvernementale tourne autour de l’annonce de l’accroissement du nombre de cas et de décès enregistrés. Jusqu’à présent, les Nigériens n’ont pas connaissance :

De la voie choisie par le Niger pour contrer la propagation.
De la nature des traitements qu’on fait suivre aux malades déclarés.
D’une éventuelle guérison.
Le Niger semble voguer sans orientation précise et cela accroît l’angoisse des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. C’est à une véritable cacophonie que l’on assiste, les autorités, suivant leurs domaines de compétences, prenant des décisions sans aucune cohérence avec celles du ministère leader qui est celui de la Santé publique. Et même dans le cas du ministère de la Santé, la communication reste à désirer, assurée, dans bien des cas, par des voix sans aucune légitimité publique. Encore que le ministre de la Santé, lui-même, communique atrocement mal sur la question. Du moins, lors de sa récente sortie médiatique pour démentir la rumeur publique affirmant qu’il serait testé positif, Dr Illiassou a tenu des propos dignes d’une contre-campagne contre les mesures de prévention. « Si Dieu a prévu que je contracte la maladie, je vais la contracter… Si je suis positif, je prends le protocole et tout de suite le virus disparaît ». Une boutade grave dans le contexte social nigérien où la posture de défense de ceux qui refusent de respecter les consignes de prévention, notamment dans les lieux de culte, est justement « Si Dieu a décidé que je … ».

Il y a, donc, de gros nuages d’inquiétudes au dessus de nos têtes :

Un chef d’Etat qui ne voit pas l’utilité d’aller dire bonjour, sur place, à un autre chef d’Etat qui est venu sur « son territoire » pour mener la guerre aux terroristes ;
Un président de la République, magistrat suprême, qui refuse que des prédateurs de deniers publics rendent gorge, mais qui tend la main pour quémander ce qu’il a sous la main, sur « son territoire » ;
Un combat contre le COVID 19 sans orientation claire définie.
Une communication gouvernementale qui a plutôt l’air d’une cacophonie.
Un ministre de la Santé qui ajoute à la confusion en tenant des propos qui confortent nombre de citoyens dans leur logique et leur conception de la conduite à tenir face à la pabndémie.

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