Le collectif Tournons la Page Niger s’indigne du placement en garde à vue de M. Ali IDRISSA,c oordinateur du ROTAB, pour des faits de diffamation dans le cadre du scandale de corruption au Ministère de la Défense Nationale.
Depuis l’audit financier réalisé au sein du Ministère de la Défense Nationale ayant révélé de graves détournements de fonds sur le matériel militaire, la société civile s’était mobilisée en soutien aux Forces de Défenses et de Sécurité qui sont les premières victimes de ces détournements, les privant d’équipement militaire de qualité en période de guerre, mais également en dénonciation des principaux responsables.
C’est dans ce double objectif qu’avait été organisé le meeting du 15 mars 2020 qui, malgré le fait qu’il n’ait pas été légalement interdit, a conduit à l’arrestation de 16 personnes dont 6 sont toujours en prison aujourd’hui.
Depuis, des mesures pour lutter contre le coronavirus ont été mises en place. Le communiqué du Ministère de la Justice du 20 mars 2020, dont les mesures ont déjà été renouvelées, annonce ainsi « la limitation aux situations d’extrême nécessité du recours à la garde à vue et à la détention notamment en ce qui concerne les infractions criminelles, de terrorisme et les délits de troubles à l’ordre public ». Les accusations portant sur M. IDRISSA ne rentrant pas dans le cadre des situations d’extrême nécessité prévues dans cette mesure, sa garde à vue est en violation même des restrictions prévues pour lutter la pandémie.
Enfin, la garde à vue de M. IDRISSA a pris effet depuis jeudi 9 avril 2020 à 11h. Les délais légaux de garde à vue au Niger sont de 48h renouvelable une fois. Ainsi, sauf si M. IDRISSA est présenté au procureur aujourd’hui avant 11h, il sera, passé cette horaire, soit libre, soit en détention illégale.
Aussi, le collectif Tournons la Page Niger :
- Demande la libération immédiate et inconditionnelle de M. Ali IDRISSA
- L’ouverture effective d’une enquête impartiale sur l’affaire des détournements au
Ministère de la Défense Nationale, la publication des résultats et la poursuite des
personnes incriminées
- La libération des six acteurs de la société civile en prison depuis le 19 mars alors que
les faits qui leurs sont reprochés sont infondés