La pandémie du COVID-19 se propage à une vitesse fulgurante au Niger, en général et à Niamey en particulier, malgré les mesures prises par les autorités à divers niveaux. Après le premier cas confirmé le 19 mars dernier et le premier décès dû au nouveau coronavirus enregistré 5 jours plus tard soit le 24 mars, le Niger continue d’enregistrer des victimes de cette maladie. Ainsi, selon les résultats des examens virologiques parvenus au Ministère de la Santé Publique, à la date du 14 avril 2020, sur 2.221 personnes testées, 570 ont été déclarées positives au Covid-19. Parmi lesquels 466 sont en cours de traitement, 90 sorties guéries et 14 décès. C’est au vu de l’évolution hâtive de cette pandémie que, très tôt, la Délégation Spéciale de la ville de Niamey, sous l’égide de son président M. Moctar Mamoudou, a décidé qu’à partir de la date du samedi 11 avril 2020, le port de la bavette est obligatoire dans les transports urbains, les marchés, les supermarchés, les commerces et dans les places publiques de la communauté urbaine de Niamey. Malgré le danger de contamination, les conséquences, souvent irréversibles du covid 19, les séances d’information, de sensibilisation, cette mesure tarde à rentrer dans les habitudes et pratiques de certains concitoyens, qui refusent obstinément de porter ces masques et bavettes de protection. Au niveau de certaines têtes de taxis, la mesure du port de bavette de protection est relativement suivie. C’est le cas au niveau de la ligne de taxi Petit marché-Rive Droite. « Au niveau de notre ligne, nous respectons ces mesures édictées par les autorités de notre pays, pour nous protéger et protéger aussi nos passagers. Si un client n’a pas sa bavette, nous lui demandons poliment d’aller en chercher, sinon nous ne l’embarquons pas. Nous expliquons et lui montrons que nous mêmes nous portons ces bavettes et lui montrons aussi d’autres clients qui en portent. Certains comprennent, d’autres pas», explique Soumana Idé, Chef de ligne Petit marché-Rive Droite. Se disant convaincu que la santé n’a pas de prix, M. Idé ajoute que les taximen vont apporter leur contribution pour l’application et le suivi de cette mesure de prévention de port de bavette et les autres mesures préventives édictées par les plus hautes autorités de notre pays. « Ces autorités n’ont pas pris ces mesures pour nous emmerder ou pour d’autres fausses idées, que certains véhiculent. C’est seulement pour nous protéger, nous, nos passagers, nos familles et nos proches. Ils ont pris ces décisions par précaution, par sens de responsabilité et surtout par devoir. En tout cas, à notre niveau, nous veillerons au respect et à l’application de ces mesures, selon nos moyens », a rassuré M. Idé. Cependant, dans certains marchés de la capitale, le constat est déplorable, sinon inquiétant. En effet, dans ces lieux, les gens vont et viennent, s’adonnent à leurs activités, dans la plus grande insouciance, le nez, la bouche, les yeux exposés, sans aucune protection mais toujours prêts à exposer des prétextes et autres alibis. «La bavette m’étouffe. Quand je la porte, j’arrive à peine à respirer », se justifie Salmou Issa, une ménagère venue faire ses emplettes dans un magasin d’alimentation générale. Hamidou Salah, sortant du grand marché et portant des sachets remplis de provisions, prétend tout simplement n’avoir pas d’argent pour se payer la bavette, qui coûte entre 200 et 500 FCFA, selon la qualité. Ce dernier s’offusque de voir que sur les cinq taxis qu’il a successivement arrêtés, aucun n’a daigné le prendre à son bord, les conducteurs se contentant de lui faire des gestes de la main, en montrant leurs bouches, pour lui signifier qu’il ne porte pas de bavette de protection. Déçus, prenant son mal en patience, il s’éloigne en grommelant.
Des appels en faveur du port de bavette de protection fusent de toute part !
Ignorance, insouciance, défiance ou encore irresponsabilité, en tout cas, rien ne justifie ces actes de résistance par rapport au port de bavette et masque de protection. Pire, «ce refus de port de bavette de protection en particulier et de non-respect des autres mesures préventives, édictées par les responsables nationaux et locaux, sape les efforts que les autorités de notre pays déploient, depuis près d’un mois, pour protéger les populations de cette pandémie qui n’a ni vaccin ni traitement », s’indigne Ibrahim Boubacar, un chef de famille, à la sortie du Grand marché et accompagné de ses deux enfants, portant tous des bavettes et respectant la distanciation sociale d’au moins un mètre, entre eux. Abondant dans le même sens, le Secrétaire Général des Syndicats des Commerçants de la région de Niamey, M. Chaïbou Tchombiano, estime nécessaire voire indispensable que les concitoyens se convainquent que le Coronavirus existe bel et bien, qu’il fait des ravages, ici comme ailleurs, qu’il n’a pas de traitement encore moins de vaccin et que seule la prévention, comme le port de la bavette, permet de s’en préserver. « Ces gens qui contestent et font de la résistance, ne sont ni médecins, ni autorités mais s’arrogent le droit de dire qu’il n’existe pas de coronavirus. Qu’il ne sert à rien de se protéger et même que cette maladie n’existe pas. Cela est triste et malheureux, car nous sommes en train d’enregistrer des cas d’infection, des cas de malades traités, des guéris et même des morts. Ce n’est pas une vue de l’esprit çà. C’est une réalité, une vérité papable, visible et chiffrable. Ces guéris ont même témoigné avoir été malades traités et guéris. Quelle preuve les gens veulent de plus », s’interroge M. Tchombiano. « Je lance cet appel à toutes et tous sur le fait que cette maladie existe véritablement et leur demande de respecter scrupuleusement les mesures de préventions annoncées. J’en appelle surtout au port de bavette pour se protéger et protéger les autres. En plus de cette décision de l’obligation de port de bavette, prise le 11 avril dernier, à travers un communiqué par la Mairie de Niamey, d’autres mesures comme l’interdiction stricte de l’utilisation stricte des tourniquets dans les supermarchés et tous lieux de vente et de services à la population en général. En plus, il est rendu obligatoire la désinfection systématique des paniers, charriots d’achat d’articles après chaque utilisation dans les supermarchés et commerces divers et places publiques de la ville de Niamey. La Mairie centrale de Niamey a aussi décidé que les entrées des supermarchés, des boutiques doivent s’ouvrir automatiquement ou par le soin d’un agent dédié à cet effet afin d’éviter la contamination par les poignées des portes. Selon ledit communiqué, des brigardiers sanitaires et autres agents de la Mairie de la ville de Niamey procédera régulièrement aux contrôles de ces mesures ainsi qu’à la désinfection de tous les lieux servant de départ aux taxis et faba-faba avec des dispositifs de lavage de mains pour les usagers et les conducteurs. La police nationale, la police municipale, la direction des équipements marchands, la direction des transports urbains, les brigadiers sanitaires et les syndicats de ces secteurs sont chargés de veiller à l’application de ces mesures à compter du samedi 11 avril 20203 », précise le communiqué de la Délégation Spéciale de la ville de Niamey.