A l’entrée du grand marché de Niamey, en face du rond-point église, des dispositifs de lavage de mains à l’eau et au savon bien positionnés restent sans grand intérêt aux yeux de beaucoup ou presque tous les gens qui entraient et ressortaient dans ce grand centre commerce, en ce matin du mardi 21 avril aux environs de 10h30mn. La plupart de ces usagers ne portent pas aussi de bavettes pour s’éviter le risque de contracter le COVID19, pendant que Niamey enregistrait, plus de 600 cas positifs. Pourtant, le port de la bavette est devenu officiellement obligatoire dans les lieux publics à Niamey, par décision du président de la Délégation spéciale de la Ville, depuis le 11 avril dernier, comme indiqué dans un communiqué officiel publié à cet effet.
A l’intérieur du marché, difficile de s’attendre à un respect strict de la mesure de distanciation de 1m minimum entre les personnes. Pourtant dans ce centre commercial l’affluence des personnes qui se côtoient sur les passages limités par les étals qui débordent de partout, est aussi dense en cette période de pandémie qu’en temps normal. Si les autorités ont laissé les activités commerciales et les marchés sont ouverts, c’est surtout pour garantir l’accès aux besoins et revenus quotidiens essentiels voir vitaux à la population. Toutefois de fermes dispositions préventives contre le covid19 ont été instituées. Et la vigilance de la lutte contre la propagation massive du virus dans de tels lieux publics, repose donc principalement sur les mesures d’hygiène, à savoir le lavage des mains à l’eau et au savon, et le port de bavette.
Aboubacar Moussa, l’un des nombreux délégués du grand marché et de ses alentours, reconnaît qu’effectivement «les clients et les commerçants ne sont pas très regardants par rapport au respect des mesures de prévention contre la pandémie». Pourtant les délégués font de leur mieux pour amener les commerçants et les usagers à respecter scrupuleusement les mesures préventives. Cependant, il admet qu’ils n’ont pas procédé à une campagne de sensibilisation de proximité des commerçants, supposant que cette pandémie ainsi que les mesures qui concourent à sa prévention sont plus qu’évidentes. «En réalité tout le monde est informé pour s’en préserver. Ce n’est un secret pour personne», dit-il. Pour l’heure, une attitude insolite s’observe. «Certains viennent au marché avec leurs bavettes, c’est arrivés ici qu’ils les enlèvent souvent», a relevé le syndicaliste. Justement, à l’intérieur du marché, nos interlocuteurs (des commerçants) ne portant pas des masques avouent, contre toute attente, en avoir pourtant. « Le masque? J’en ai au moins cinq. Je ne peux pas le porter longtemps, pas plus d’une heure, ça m’étouffe et je suis asthmatique surtout », a rétorqué un jeune vendeur de téléphone et accessoire.
Dès l’annonce de cette pandémie au Niger et bien avant la décision portant obligation du port de bavette, Mounkaila un homme adulte âgé d’une cinquantaine, vendeur de vêtement d’enfants portait son masque volontairement. «Mais à force de voir beaucoup de gens au tour de moi banaliser le port de bavette, l’oubli m’emporte souvent», confie-t-il. «J’ai dans ma boutique trois bavettes et des turbans. Personnellement, je crois à l’existence de cette maladie. Nous devons prendre nos précautions au sérieux», estime-t-il.
Selon M. Adamou Hamani, Directeur général de la Société de construction et de gestion du marché (SOCOGEM), toutes les dispositions ont été prises, à leur niveau pour promouvoir le respect des mesures de prévention contre la propagation du virus, dans le grand marché. «Depuis des semaines, nous avons installé des dispositifs de lavage de mains à l’eau et au savon, sur toutes les entrées du marché et nous veillons à leur fonctionnalité. Nous utilisons notre radio du marché pour passer les messages et consignes édictées par les autorités en matière de prévention», explique le DG de SOCOGEM. Par rapport à la réticence des usagers majoritaires que sont les clients, malgré les risques élevés de contagion dans de tel lieu, le DG de la
SOCOGEM estime ces personnes sont «indépendantes et responsables de leurs comportements». «Il serait difficile de leur imposer des mesures», estime Adamou Hamani. Quant aux commerçants, il revient à leurs représentants syndicaux (les délégués), qui sont une quarantaine pour les six quartiers du marché, de les sensibiliser et obtenir leur adhésion, a insinué le directeur de SOCOGEM.
D’autre part, la police nationale est sensée veiller, particulièrement, à l’obligation du port de bavette dans tous les lieux et espaces publiques de la Ville de Niamey, comme décidé par l’administrateur délégué M. Mouctar Mamoudou. Cependant, le commissariat du plus grand marché de Niamey semble n’avoir aucune instruction formelle à cet effet. «Nous ne parlons à la presse sans autorisation de notre hiérarchie», a tout simplement laissé entendre l’agent permanencier du jour, n’ayant pas voulu s’exprimer à ce sujet, en l’absence du premier responsable du commissariat. Quoiqu’il en soit, le constat est assez parlant, aucun contrôle ne se fait au grand marché, tant aux entrées qu’à l’intérieur, pour veiller au port obligatoire des bavettes, à la date d’hier 21 avril 2020.