Reporters sans frontières (RSF) a rendu public, le 21 avril dernier, le classement du rapport 2020 sur la liberté de presse dans le monde. Le Niger gagne 9 places, passant de la 66ème place en 2019 à la 57ème place cette année, sur 180 pays classés. RSF sous-titre pour la partie Niger que : «Des exactions en baisse, des libertés encore loin d’être consolidées». Selon le document, «Le Niger a enregistré une baisse significative et encourageante des atteintes à la liberté de la presse en 2019, même si l’environnement global dans lequel évoluent les médias et journalistes a peu évolué».
«Dans un contexte régional marqué par la lutte contre le terrorisme, les déplacements des journalistes dans les zones les plus dangereuses restent limités. L’accès aux informations concernant le terrorisme ou les migrants est très difficile», souligne le rapport. Par ailleurs, dans son traditionnel classement mondial RSF évoque la question du journalisme à l’épreuve du Covid-19, en indiquant que “Nous entrons dans une décennie décisive pour le journalisme, et le coronavirus est un facteur multiplicateur”, et que la pandémie de coronavirus fournit une occasion supplémentaire aux régimes autoritaires pour restreindre un peu plus la liberté de la presse.
Selon l’organisation non gouvernementale, basée à Paris, « il existe une corrélation évidente entre la répression de la liberté de la presse à l’occasion de l’épidémie de coronavirus et la place des pays au classement mondial ». La Chine (177e) et l’Iran (173e), foyers de l’épidémie, ont mis en place des dispositifs de censure massifs, souligne-t-elle rappelant également qu’en Irak (162e), l’agence de presse Reuters a vu sa licence suspendue pour trois mois, quelques heures après avoir publié une dépêche remettant en cause les chiffres officiels des cas de coronavirus. Même en Europe, en Hongrie (89e), le Premier ministre Viktor Orbán a fait voter une loi dite “coronavirus” qui prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour la diffusion de fausses informations, ‘’un moyen de coercition totalement démesuré’’, estime RSF. « La crise sanitaire est l’occasion pour des gouvernements autoritaires de mettre en œuvre la fameuse “doctrine du choc” : profiter de la neutralisation de la vie politique, de la sidération du public et de l’affaiblissement de la mobilisation pour imposer des mesures impossibles à adopter en temps normal », déclare le Secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, dans le rapport.
Ainsi, l’édition 2020 de RSF tente de montrer que la décennie à venir sera décisive pour l’avenir du journalisme. La pandémie de Covid-19 met en lumière et amplifie les crises multiples qui menacent le droit à une information libre, indépendante, pluraliste et fiable. Ce rapport mondial de la liberté de la presse, qui évalue tous les ans la situation du journalisme dans 180 pays et territoires, explique que les dix prochaines années seront sans doute “une décennie décisive” pour la liberté de la presse en raison de crises qui affectent l’avenir du journalisme : crise géopolitique (agressivité des modèles autoritaires), technologique (absence de garanties démocratiques), démocratique (polarisation, politiques de répression), de confiance (suspicion, voire haine envers les médias d’information) et économique (appauvrissement du journalisme de qualité).
À ces cinq types de crises, dont la méthodologie du classement permet d’évaluer les effets, s’ajoute désormais une crise sanitaire. L’épidémie de coronavirus fournit une illustration des facteurs négatifs pour le droit à l’information fiable, et elle est même un facteur multiplicateur. Que seront la liberté, le pluralisme et la fiabilité de l’information d’ici l’année 2030 ? La réponse à cette question se joue aujourd’hui.” Pour que cette décennie décisive ne soit pas une décennie funeste, estime RSF, les humains de bonne volonté, quels qu’ils soient, doivent se mobiliser pour que les journalistes puissent exercer cette fonction essentielle d’être les tiers de confiance des sociétés, ce qui suppose d’avoir les capacités pour le faire.
Selon RSF, les grands enseignements de l’édition 2020 se résument ainsi : En 2020, la Norvège maintient pour la quatrième année consécutive sa place de premier tandis que la Finlande conserve sa deuxième position. Le Danemark est classé au troisième rang, en raison d’une baisse de la Suède (4e, – 1) et des Pays-Bas (5e, – 1), confrontés à une recrudescence de cas de cyber harcèlement. À l’autre extrême du classement, peu de changements. La Corée du Nord (180e) ravit la toute dernière place au Turkménistan, tandis que l’Érythrée (178e) reste le pire représentant du continent africain.