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Niger:calme sous tension à Niamey pour la rupture du jeûne, après les émeutes

Publié le lundi 27 avril 2020  |  laminute.fr
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© Autre presse par DR
Grand marché de Niamey
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La première rupture du jeûne du ramadan s’est déroulée dans le calme à Niamey après les émeutes de protestation contre le couvre-feu et l’interdiction des prières collectives, décrétés pour lutter contre la propagation du coronavirus. Mais la tension persiste.

"J’ai hâte de rentrer pour rompre le jeûne et aussi espérer prier dans une mosquée du quartier", lance Mahamadou Abdou, un vendeur de dattes, zigzaguant avec son pousse-pousse sur une avenue du Lazaret, le quartier populaire, épicentre des émeutes de dimanche et lundi à Niamey

Dans la capitale du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde, les habitants se sont pressés pour rejoindre leurs maisons avant la rupture du jeûne à 19h10 locales (18H10 GMT) alors que les traditionnels vendeurs d’eau chaude ou glacée, de couscous, étaient dans la rue.

Comme depuis le début de la crise, peu de personnes portaient un masque trop cher pour certaines bourses mais pourtant obligatoire à Niamey depuis le 10 avril.

- Forces de l’ordre discrètes -
Le gouvernement a joué l’apaisement après les émeutes, allégeant le couvre-feu qui est désormais en vigueur de 21h00 à 05h00 du matin (20h00 et 04H00 GMT), au lieu de 19h00 à 06H00, ouvrant ainsi un créneau horaire permettant la rupture du jeûne hors couvre-feu.

Pour empêcher les émeutiers de brûler des pneus et ériger des barrages comme pendant les violences, des camions de la municipalité ont sillonné la ville pour ramasser tous les pneus. Plus de 10.000 pneus usagers ont déjà été récoltés, selon Amane Oumarou, fonctionnaire à la mairie de Niamey.

"Aucun incident n’a été signalé au cours des dernières 48 heures dans la ville", affirme-t-il.

Les forces de l’ordre, qui avaient arrêté plus de 200 personnes, s’étaient aussi faites discrètes vendredi.

Ainsi, les mosquées des quartiers et notamment celles de Lazaret se sont rapidement remplies à l’appel de la prière, sans que la police n’intervienne pour éviter ces rassemblements normalement interdits (les grandes mosquées de prières sont fermées depuis des semaines pour éviter une contagion massive au virus).

"Nous sommes devenus des fidèles clandestins", ironise Amadou Saley, qui vient de prier dans une mosquée toute proche. "Ce serait inadmissible de jeûner toute une journée et prier tout seul".

- Prix à la hausse -
Sous couvert de l’anonymat, un habitant estime lui que les émeutes sont l’oeuvre de "jeunes vivant de vente dans l’informel la nuit et de militants d’associations musulmanes qui n’ont pas compris l’intérêt des mesures" contre la propagation du coronavirus.

"Il n’y a pas eu de missions de sensibilisation. Les gens ne comprennent pas la maladie. D’un côté, on dit qu’il n’y a pas de remède, de l’autre qu’il y a des guéris. Les gens ne comprennent pas les mesures. Il faut mieux expliquer", ajoute-t-il.

Couvre-feu, interdictions de prières collectives, mais aussi prix à la hausse : le mécontentement était toujours là dans le quartier.

"Les temps étaient déjà difficiles et le couvre-feu vient tout gâter. Quatre petits citrons à 200 FCFA !" (30 centimes d’euros), se plaint Mamane Adamou, pestant contre une vendeuse de fruits au bord de la route, avant d’enfourcher son vieux vélo.

"Ce couvre-feu est mauvais pour les affaires, je suis ici depuis le début d’après-midi et j’attends toujours des clients", râle Ramatou Mamane, vendeuse de couscous de mil.

"C’est ce maudit virus qu’il faut condamner. Maintenant, c’est corona par ci, corona par là, c’est à en mourir", lâche Amadou Saley, un charcutier.

Le Niger a enregistré 681 cas de coronavirus avec 24 décès, selon un bilan officiel publié vendredi soir.

De nombreux habitants de Niamey (1,5 million habitants) se réjouissent du retour au calme pour cette première rupture du jeûne du ramadan.

"On sait qu’il est impossible de lever totalement le couvre-feu, donc pour le fait de l’assouplir, on peut dire Alhamdoulilah (merci Allah). Dans tous les cas pendant le ramadan les gens achètent de quoi rompre le jeûne avant la tombée du jour", affirme Idi Moussa, boucher à Lazaret.

"Avec l’allègement du couvre-feu on respire un peu. On aurait voulu rester dehors un peu plus longtemps surtout avec la canicule, mais deux heures de plus dehors c’est déjà un bon bol d’oxygène qu’on respire", affirme Moumouni Harouna, gardien au quartier Danzama-Koira, proche de Lazaret.
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