A l’occasion d’un débat ouvert sur le thème, « Vers le 5ème Anniversaire de l’agenda ‘Jeunesse, Paix et Sécurité’ : Accélérer la mise en œuvre des résolutions 2250 et 2419, le Représentant Permanent du Niger à l’ONU, SEM. Abdou Abarry a affirmé que «Notre continent a la population avec la plus forte croissance. S’il s’agit là d’une opportunité sans précédent, ceci représente également pour nos pays africains une tâche difficile : créer les conditions d’un avenir sûr dans un monde interconnecté où le rythme du changement s’accélère. Une population jeune pleinement responsabilisée pourrait permettre aux pays africains de tirer parti des avantages du dividende démographique. Toutefois, si elle n’est pas exploitée, une importante population de jeunes sans emploi, pourrait être un foyer de mécontentement social, de troubles et de conflits. Valoriser le potentiel de millions de jeunes Africains serait un changement majeur pour l’Afrique et pour le monde »,
C’est pourquoi, dit-il, en rappelant les propos de Feu Secrétaire général, M Kofi Annan, « Faites confiance aux jeunes, donnez-leur une chance et ils vous surprendront ». En effet, d’innombrables changements majeurs, à l’échelle mondiale, ont abouti grâce au dynamisme et à L’optimisme indéfectible des jeunes ». Pour SEM Abdou Abarry, reprenant Les mots prononcés par Wangari Maathai qui a déclaré « II y a des opportunités même dans les moments les plus difficiles », trouvent aujourd’hui une plus grande résonance dans la détermination de la jeunesse africaine à faire taire les armes en ce moment où le monde entier se bat contre la pandémie COVTD-19 ».
Evoquant le cas de son pays, l’Ambassadeur Abdou Abarry a estimé que «Le Niger
reconnaît la nécessité du désengagement et de la réintégration, l’un des cinq piliers énoncés dans la résolution 2250 (2015). Depuis 2017,240 anciens combattants du groupe terroriste Boko Haram, qui s’étaient volontairement rendus aux autorités, ont rejoint un centre de réinsertion dans la région de Diffa, à l’est du pays. Grâce à ce centre et au traitementhumain qu’ils y reçoivent, le Niger entend envoyer un signal fort pour encourager les jeunes à déposer les armes et à mener une nouvelle vie dans la société.
Les jeunes, en particulier les jeunes femmes, jouent un rôle essentiel dans les processus de paix. Des études ont montré qu’impliquer les femmes reste la manière la plus durable de préserver et de garantir la paix : elles sont les piliers de la consolidation de la paix et, surtout, de la prévention des conflits. C’est pourquoi notre délégation réaffirme la nécessité de continuer à protéger et à renforcer la pleine participation des femmes à la paix et à la sécurité.
Des jeunes femmes telles que le Capitaine Ouma Laouali, première femme pilote de l’Armée de l’Air du Niger, qui vient de terminer sa formation de pilote Herk, démystifient les stéréotypes concernant les jeunes, et les jeunes femmes en particulier. Nous devons continuer à renforcer le type de partenariats qui ont permis au Capitaine Ouma Laouali et à beaucoup d’autres de perfectionner leurs compétences, qui seraient essentielles pour les opérations de maintien de la paix ».
Avant de faire des recommandations pertinentes, le diplomate nigérien a souligné que « Si nous ne nous attaquons pas aux obstacles structurels à la représentation des jeunes dans les processus politiques, nous continuerons à être confrontés à une faible présence des jeunes dans les organes de décision. Au Niger, le Parlement des jeunes et le Conseil national de la jeunesse sont deux plateformes qui ont réussi à faire entendre la voix des jeunes au plus haut niveau de prise de décision et dans les politiques nationales ainsi qu’au niveau local.
Lorsque nous n’impliquons pas les jeunes, nous les réduisons au silence, et lorsque nous réduisons les jeunes au silence, nous réduisons notre avenir au silence et nous négligeons de nouvelles façons de relever les défis les plus insolubles.
C’est pourquoi, la délégation du Niger recommande :
«Premièrement, en ce qui concerne le pilier « désengagement et réintégration » de l’agenda « Jeunesse, paix et sécurité », la mise en place de programmes visant à soutenir la réintégration des enfants et des jeunesimpliqués dans les conflits armés et l’adoption d’un protocole de transfert des enfants de la garde militaire aux autorités civiles de protection de l’enfance. Le Niger a souligné la nécessité que ces programmes tiennent compte du genre et de l’âge et qu’ils incluent ces groupes dans le processus de reconstruction pour des communautés plus résilientes.
-Deuxièmement, la délégation du Niger a souhaité un financement et un soutien technique plus conséquents pour le travail vital des jeunes, en particulier des jeunes femmes, dans les zones de conflit, conformément aux recommandations des résolutions 2250 (2015) et 1325 (2000).
-Troisièmement, comme l’avait déclaré l’Envoyée du Secrétaire General pour la jeunesse en juillet dernier, le Niger a soutenu la désignation d’un point focal pour la jeunesse dans chaque mission de maintien de la paix, afin d’assurer et de consolider la participation des jeunes aux processus de paix.
-Enfin,notre pays a demandé à tous les États membres de mettre en place des instances qui permettent la participation systématique des jeunes aux différents processus décisionnels nationaux, régionaux et internationaux».
L’Ambassadeur Abdou Abarry avait rappelé la présentation du Secrétaire général des Nations Unies indiquant qu’un jeune sur quatre est touché par les conflits et la violence. Dans la région du Sahel, la situation sécuritaire a un effet disproportionné sur les jeunes. La majorité des combattants du groupe terroriste Boko Haram sont des jeunes. Les jeunes hommes, souvent désillusionnés par le taux de chômage élevé et attirés par les gains faciles, rejoignent des groupes terroristes tels que Boko Haram. Les jeunes femmes sont kidnappées dans les rangs comme prisonniers de guerre et utilisées comme esclaves sexuelles ou comme bombes humaines. Leur avenir est compromis, tout comme celui de nos pays.
Ces jeunes sont confrontés à de multiples défis et inégalités dans l’accès à l’éducation et font face à de graves violations de leurs droits humains comme le mariage des enfants ainsi que diverses formes de violence. Ces défis limitent leur pleine participation au développement socio-économique de leurs communautés et de leurs pays. Cela se traduit également par un cycle d’exclusion systémique qui crée de profonds clivages générationnels et des griefs, dont les groupes mal intentionnés se servent pour endoctriner et recruter des jeunes dans leurs rangs.
Le dernier rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité a établi que les jeunes femmes défenseuses des droits de l’homme sont victimes de graves intimidations en raison de leur travail, pourtant essentiel En outre, un rapport sur le financement du développement note que seulement 0,2% de l’aide bilatérale totale pour les interventions, dans les zones précaires et de conflit, est allé directement aux organisations de femmes.
Le Niger reconnaît le rôle essentiel des jeunes femmes dans les processus de paix, mais regrette que seuls 20% des accords de paix signés entre 1990 et 2018 contiennent des dispositions spéciales pour les femmes. Une approche de la prévention des conflits, fondée sur le genre, serait un pas dans la bonne direction pour élargir et consolider l’espace civique de la participation des jeunes femmes. Les mesures doivent tenir compte des dimensions sexo-spécifiques des conflits et de la manière dont ils amplifient les inégalités existantes ».
Avant de conclure son propos, l’Ambassadeur Abdou Abarry a remercié le Secrétaire
Général des Nations Unies, Antonio Guterres, pour sa participation ainsi que Jayathma Wickramanayake, l’Envoyée du Secrétaire Général pour la jeunesse, pour sa remarquable contribution.
Il a enfin noté qu’au moment où le monde est confronté à un ennemi commun et à une pandémie mondiale, l’importance des partenariats nous est rappelée, avant de se féliciter de l’institutionnalisation de l’agenda « Jeunesse, paix et sécurité » par l’Union africaine au sein de son Conseil de paix et de sécurité depuis 2018. Cela a créé une plateforme unique pour renforcer le rôle de la jeunesse africaine dans l’initiative de l’UA, « Faire taire les armes ».
(Source : Cellule de communication du Conseil de Sécurité Niger)