Pouvez-vous nous présenter succinctement le marché Dolé de Zinder ?
Le marché Dolé de Zinder est une infrastructure qui a été nouvellement construite ; elle a été construite il y a deux ans mais l’ouverture officielle a eu lieu le 20 septembre 2018. C’est une infrastructure d’une capacité de 2.152 boutiques, mille places de hangars avec 16 toilettes, 8 mosquées et 8 parkings.
Quel est le taux d’occupation des boutiques et hangars ?
Le taux d’occupation est de l’ordre de 80%. A ce niveau, il y a une petite précision à donner : il y a 352 boutiques en hauteur dont les 2/3 ne sont pas occupés et 32 boutiques qui sont dans des impasses, c’est-à-dire des rues bloquées.
Ce taux d’occupation n’est-il pas plutôt la conséquence d’un surdimensionnement du marché ?
On peut en quelque sorte le dire parce que le marché Dolé a 2.152 boutiques alors que celui de Niamey n’a qu’environ 1.800 boutiques et celui de Maradi 1450 boutiques. Et puis, après pratiquement un an et demi de gestion, il me semble que le marché a atteint sa capacité optimale d’occupation.
Mais, comment comptez-vous faire occuper les 20% de boutiques restantes ?
Nous avons déjà une solution : il s’agit de faire des escaliers externes pour les boutiques qui sont en hauteur ; cela permettrait à des personnes qui veulent exercer leur commerce ou leurs activités (comme les tailleurs, les petites ONG, …) d’occuper les boutiques en hauteur.
Qu’en-est-il de la sécurité dans et autour du marché Dolé ?
Le marché a été conçu avec un commissariat incorporé. Les locaux du commissariat sont là mais jusque-là, le commissariat n’est pas installé ; ce sont les mêmes policiers qui venaient depuis la construction qui continuent à contrôler le marché ; il y a une vingtaine de policiers qui sont là en permanence sous les ordres de la Compagnie anti-émeute. Mais, on souhaiterait quand même avoir notre propre commissariat avec lequel on peut concevoir des plans de sécurité. Nous avons aussi une compagnie de gardiennage avec laquelle on a établi un contrat pour maintenir l’ordre et la sécurité dans le marché, de jour comme de nuit.
Avez-vous enregistré des cas de vols, larcins ou bagarres ?
Dans un marché comme celui-ci où il y a 4.000 à 4.500 personnes, soit un taux de fréquentation de 80%, il n’y a pas eu de vols sérieux qui sont déclarés mais il y a de petits larcins par-ci par-là. On essaie de faire face à çà mais je pense qu’avec l’installation de notre propre commissariat de police, on y fera face avec plus d’efficacité.
Comme vous le savez, le Gouvernement du Niger vient, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, d’interdire les rassemblements de plus de mille personnes : quelles sont les mesures qui sont prises en matière de santé dans votre marché ?
Pour l’instant, on attend le signal du Gouvernorat de Zinder parce le marché, qui doit être géré par une société non encore créée, est dirigé par une Administration Déléguée placée sous la tutelle du Gouverneur…
Quel est l’impact de la fermeture de la frontière nigéro-nigériane sur les activités du marché Dolé ?
On a vraiment un impact réel, perceptible, parce que notre économie est presque tributaire, à un pourcentage assez élevé, de celle du Nigeria. Donc, depuis la fermeture du Nigeria, on fait face, non pas à une pénurie mais à un problème de mouvements des marchandises dont l’arrivée accuse un certain retard ; cela a conduit, au début de la fermeture de la frontière, au fait que les prix des marchandises avaient augmenté de façon exponentielle. Avec le temps, les gens ont trouvé des circuits d’approvisionnement et l’équilibre est en train de revenir.
S’agit-il de circuits licites ou illicites ?
Il s’agit certainement de circuits informels parce que de façon formelle, la frontière est fermée. Les gens arrivent à s’adapter parce qu’il y a des produits qui viennent du nord, de l’Algérie et de la Libye en particulier, via Agadez.
Réalisée par Sani Soulé Manzo, envoyé spécial(onep)