Au Niger, l’organisation médicale d’urgence Médecins Sans Frontières (MSF) appuie la réponse nationale à la pandémie de COVID-19 et ouvre un centre de traitement destiné aux patients du COVID-19, à Niamey. D’une capacité d’accueil de 50 lits, avec une possibilité d’extension à 100 lits maximum, le site est composé de cinq grands bâtiments principaux et essentiellement construit en bois. Situé à l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo, ce centre semi permanent est complètement autonome afin de limiter les risques de propagation vers l’hôpital voisin. Il vient renforcer les capacités du Ministère de la Santé Publique en matière de prise en charge des patients atteints du nouveau coronavirus.
Sept semaines après la déclaration d’un premier cas à Niamey, le pays enregistre plus de 832 personnes officiellement déclarées positives au COVID-19, parmi lesquelles 46 sont décédées (à la date du lundi 11 mai 2020). Au sein de ce centre de traitement, les patients nécessitant éventuellement de l’oxygène seront conjointement pris en charge par des équipes de MSF et ceux de l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo. Les soins des malades seront gratuits et ceux-ci auront accès aux médicaments et examens médicaux nécessaires.
Une structure dédiée uniquement au COVID-19
L’un des cinq bâtiments principaux recevra les cas dits suspects avec complications, tandis que les quatre autres seront destinés aux cas dits confirmés et nécessitant une hospitalisation. Pour limiter une surexposition au virus, les lits sont séparés par une distance d’un mètre et demi et les espaces sont particulièrement ventilés. Ceux-ci sont par ailleurs très lumineux. En effet, les structures bien ventilées avec la lumière naturelle offrent des conditions de contrôle des infections bien supérieures à ceux des structures sophistiquées à circuit d’air fermé. Totalement séparé pour limiter les risques de contamination vers l’hôpital voisin, le site compte notamment une zone d’accueil et de triage, un atelier biomédical pour la maintenance des concentrateurs d’oxygène et autre matériel médical ainsi qu’une salle de stérilisation et de désinfection.
Au sein du site, le personnel médical sera composé de membres du Ministère de la Santé Publique et de Médecins Sans Frontières. L’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo a par ailleurs mis à disposition du centre de traitement du personnel médical et paramédical spécialisé. La gestion conjointe et coordonnée de ce centre se fera par l’Hôpital National ABD et les équipes de MSF.
Afin d’assurer le bon fonctionnement de cette structure, et pour une capacité de 50 lits en un premier lieu, MSF a recruté des médecins, des infirmiers, des aides-soignants, des hygiénistes et des personnes en charge de la promotion de la santé, et autres, pour un total de 180 personnes. Cellesci ont reçu une formation sur des thématiques médicales (définition de cas, traitement et prévention), la promotion de la santé (support psychosocial) ainsi que sur le contrôle et la prévention des infections (circuit du malade, hygiène des mains, nettoyage et désinfection).
Quels défis pour les équipes ?
L'une des priorités aujourd’hui est de pouvoir assurer la protection du personnel soignant et, ce faisant, de nos patients. Ce personnel médical fait partie du groupe le plus exposé et risque donc d’être infecté si toutes les mesures de protection ne sont pas respectées. MSF est également préoccupée par la pénurie de matériel de protection au niveau mondial qui pèse notamment sur la capacité de l’organisation à assurer les chaînes d’approvisionnement. Cependant, afin de rendre ce centre de traitement opérationnel, MSF a déjà l’appui du Ministère de la Santé Publique en ce qui concerne le matériel de protection.
Quelles autres activités pour répondre à la pandémie au Niger ?
Toujours à Niamey, MSF soutient également le centre d'appels du SAMU, service d’aide médicale d'urgence, du Ministère de la Santé Publique, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ainsi que les équipes mobiles dans cinq communes de Niamey. Concrètement, les équipes apportent un soutien technique à la vérification des alertes, à l'organisation du triage, au renvoi des cas graves vers des structures de santé, au soutien psychologique et au suivi des cas simples à domicile par des équipes mixtes d'intervention MSF et du Ministère de la Santé Publique.
Dans le reste du Niger et au sein des projets de l’organisation, des mesures spécifiques ont été mises en place pour protéger le personnel médical, les patients, ainsi que les personnes les plus vulnérables. Au sein des structures de santé soutenues par MSF dans les projets d’Agadez, de Diffa, de Zinder et de Maradi, l’organisation a renforcé les mesures de prévention, d’hygiène et de contrôle des infections ; a mis en place des zones d’isolement en cas de suspicion d’un cas de COVID19 et des zones de triage des patients ; a renforcé ses activités de sensibilisation et de promotion de la santé. En fonction de l’évolution de la situation dans les différentes régions, des unités de prise en charge pourraient être mises en place.
Pour certaines régions, telles que Diffa, Zinder, Maradi et Tahoua, nous accompagnons aussi le Ministère de la Santé Publique dans l’acheminement des échantillons des cas suspects de Covid-19 notamment vers Niamey à des fins d’analyses.
Présente au Niger depuis 1985, l’organisation médicale d’urgence MSF accompagne régulièrement le système de santé public, notamment dans la gestion d’épidémies au Niger (comme le choléra, la rougeole ou la méningite). Actuellement, nos équipes apportent également des services médicaux gratuits et de qualité aux populations des régions d’Agadez, de Diffa, de Tillabéry, de Zinder et de Maradi. Notre objectif est toujours de faciliter l’accès aux soins de santé pour les personnes vulnérables et de garantir des secours à ceux qui en ont besoin, sans distinction de race, de religion, d'appartenance politique ou autre.