Les chiffres font froid dans le dos : en un an, 60 mille personnes ont fui les violences meurtrières au Nigeria pour se réfugier au Niger voisin. C’est le cri d’alerte lancé par le Haut-Commissariat aux réfugiés, qui souligne que durant le seul mois d’avril 2020, 23 mille personnes en quête de sécurité et en provenance du Nord-Ouest du « Géant d’Afrique », ont afflué vers le Niger qui en a autorisé l’entrée sur son territoire en dépit de la fermeture des frontières du fait de la pandémie de la Covid-19. Qui pis est, ces réfugiés sont essentiellement des femmes et des enfants, originaires des Etats de Sokoto, Zamfara et Katsina. Cet exode massif serait lié à la fois aux assauts répétés des groupes armés et à la riposte de l’armée nigériane de laquelle ces âmes en détresse se sont parfois retrouvées prises au piège. Cela dit, si l’on peut saluer cette marque d’empathie et d’humanité du Niger, l’on peut, tout de même, s’interroger sur le prix qu’il aura à payer de cet élan de solidarité. Dans le climat sécuritaire délétère qui caractérise, on le sait, les pays du Sahel, les risques d’infiltration sont grands. Il est, en effet, fort probable qu’à cause d’individus peu recommandables et aux motivations ténébreuses, le pays de Mahamadou Issoufou voie sa donne sécuritaire se compliquer davantage.
Niamey pourrait se retrouver encore plus en difficulté si les dispositifs sanitaires mis en place pour l’occasion, venaient à présenter des failles
On peut nourrir d’autant plus de craintes que le Niger vient de lever le couvre-feu instauré dans le cadre des mesures de confinement prises récemment pour contrer la pandémie de la Covid-19. Par ailleurs, en offrant l’hospitalité à ces réfugiés, Niamey pourrait se retrouver encore plus en difficulté si les dispositifs sanitaires mis en place pour l’occasion, venaient à présenter des failles. C’est dire si ce pays joue gros au double plan sécuritaire et sanitaire. Mais ce qu’il y a le plus à regretter dans ce grand mouvement de populations vers le Niger, à Maradi précisément, c’est l’engagement non tenu du président nigérian, Muhammadu Buhari. Manifestement, cet homme peine toujours à réaliser une de ses promesses de campagne : celle d’éradiquer les groupes terroristes, réitérée quand il sollicitait encore les suffrages de ses compatriotes pour un second mandat. Tiendra-t-il son pari ? Au regard des réalités actuelles du terrain, le doute est permis.