Au moment où on s’achemine vers la fin du mois béni du Ramadan, l’enthousiasme des jeûneurs, qui se sont armés de foi pour effectuer un parcours sans faute en s’efforçant d’observer le carême avec abnégation, s’oppose au regret des spécialistes du ‘’carême buissonnière’’. Il s’agit de ceux-là qui, invoquant des raisons plus ou moins avérées, et usant par mille subterfuges, ont réussi à se soustraire à l’épreuve d’un mois de privation.
Pour les plus assidus des fidèles, le mois s’est déroulé au rythme du calendrier, en suivant décade après décade, jour après jour, et heure après heure, le temps qui s’égrène. Mais au niveau actuel où l’on entre de plain-pied dans les tourbillons des préparatifs de la fête de Ramadan, plus le temps de compter. Car, d’autres défis plus urgents s’affichent au cadran du compteur, notamment pour les pères de famille qui doivent affronter les dépenses incompressibles qui leur sont généralement imposées. Et pour tout compliquer, les protagonistes sont difficilement négociables quand il s’agit de débloquer les frais du repas de fête et ceux nécessaires pour l’achat des habits de fête pour les bambins.
Mais, il se trouve que, en toute vraisemblance, pour cette Année 2020, rien ne doit se passer comme d’habitude, dans un monde littéralement ligoté et traumatisé par la pandémie du Covid-19. Après avoir passé les deux premières décades du mois béni du Ramadan sous un régime de couvre-feu et de confinement, les Nigériens ont appris à réguler leur mode et train de vie, en tâchant de mieux ‘’gérer’’ leurs extravagances.
A temps normal, en amorçant le virage d’entrée dans la dernière décade du mois de Ramadan, l’on plonge directement dans l’ambiance enivrante du branle-bas général des préparatifs de la fête avec l’affluence des familles (pères, femmes et enfants) dans les marchés, devant les boutiques et autres rayons, mais aussi des jeunes filles inondant les ateliers de couture et de coiffure et autres officines de beauté.
Cette année, hélas, on dirait que cette fois-ci, l’enthousiasme et la pression des préparatifs de fête ne sont pas au rendez-vous. En effet, le niveau de lassitude sur les marchés et dans les salons est si perceptible, qu’il laisse présager que, côté réjouissances, cette grande fête du Ramadan sera une fête au rabais, sans la joie…
Normal, le fulminant coronavirus est passé par là… Ce maudit virus a beau être petit jusqu’à la limite de l’invisible à l’œil nu, mais la peur et le stress qu’il inspire sont de la taille de notre planète Terre. La preuve, c’est que par la seule faute de cet ‘’ennemi invisible’’, la vie sur terre s’en est trouvée totalement réglée au ralenti, voire bouleversée.