La fête de l’Aïd El Fitr, communément appelée fête de Ramadan par les musulmans, est une célébration religieuse qui marque le début du retour des fidèles à une vie normale, après un mois lunaire de jeûne, d’invocation et de méditation. Au Niger, cette grande fête, contrairement à celle de l’Aïd El Kebir ou Tabaski, est un jour de surconsommation de viande de volaille en général, et en particulier de pintades, par l’ensemble des couches sociales du pays. Cette année, les prix sont abordables, mais les clients se font rares chez les vendeurs, ce qui fait craindre à ces derniers de rater leur saison de vente.
Cette année, la fête de l’Aïd El Fitr se célèbre dans notre pays après plusieurs semaines de confinement sanitaire de la ville de Niamey à cause de la pandémie mondiale à coronavirus COVID 19. Dans ce contexte global d’alerte sanitaire et de suspension des activités des véhicules de transport de voyageurs, beaucoup ont prédit des problèmes d’acheminement de la volaille à partir des villages environnants, malgré les précautions prises par les autorités pour assurer la libre circulation des véhicules de transport de marchandises et de vivres.
Koda est un vendeur de volaille qui cumule plusieurs dizaines d’années d’expérience dans le domaine. Assis devant une centaine de pintades et seulement une demi-douzaine de poulets étalés au bord du goudron dans les environs du petit marché de Niamey, il nous indique ne pas trop craindre la mévente à cause du règlement en avance des salaires du mois de mai pour les employés de l’Etat. « Avec les prix abordables qu’on pratique cette année, les clients vont venir s’approvisionner surtout le jeudi après-midi et le vendredi », assure-t-il, comptant sur son expérience personnelle et la confirmation des virements effectués dans les banques.
Chez M. Koda, les pintades se vendent entre 4.000fet 5.000F CFA, alors même que le prix des poulets varie selon le poids et le sexe. Les coqs se vendent entre 3.000 et 3.500F CFA et les poules entre 2.500 et 2.750F CFA. Il explique que les pintades leur viennent des départements de Madaoua, Say, Torodi, Makolondi, Téra et qu’à cause de la chaleur, il y a une forte mortalité lors du transport. « Les volailles que les enseignants de brousse amènent pour vendre à Niamey n’ont pas d’impact sur notre chiffre d’affaire car ces derniers n’ont pas assez de moyens financiers pour nous faire dla concurrance », a-t-il conclu.
Le travail des vendeurs de volaille, qui est essentiellement basé sur une intermédiation entre les éleveurs qui sont au village et les consommateurs des grandes villes, est mis à mal cette année par un nouveau type de démarcheurs. En effet, des éleveurs des départements de Say, Torodi et Makolondi débarquent à Niamey avec plusieurs milliers de pintades pour les vendre directement aux consommateurs en leur accordant une réduction de 500F par unité sur les prix pratiqués par les vendeurs locaux. Ils utilisent ensuite une partie de l’argent pour se procurer des vivres et du matériel sylvo-agropastoral dont ils ont besoin pour améliorer la productivité et la résilience de leurs activités rurales.