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Affairismes et scandales de détournements : La Renaissance dans le pétrin

Publié le samedi 6 juin 2020  |  nigerdiaspora.com
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© Autre presse par DR
Affairismes et scandales de détournements : La Renaissance dans le pétrin
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La Renaissance vit les pires moments de sa gouvernance. Rattrapée par ses hauts faits de mal gouvernance, elle fait face depuis des semaines à de vives critiques de la part de nigériens de tout bord qui ne peuvent comprendre comment, lorsqu’on prétend aimer son pays l’on puisse le faire saigner à blanc jusqu’à un tel niveau de crime. Pourtant Issoufou et son système avaient travaillé à donner une image irréprochable de leur gouvernance, jouant avec les discours pour polir leur image oubliant qu’au lieu que ce soit eux qui disent le bien de leur gestion, c’est aux Nigériens auxquels profitent leurs actions qu’ils doivent laisser le soin de construire des éloges pour célébrer leurs actions si tant est qu’elles devraient le mériter. Mais c’est eux-mêmes qui peuvent vaniteusement chanter leur gouvernance, disant à qui veut les entendre qu’elle serait incomparable, parce que des «promesses seraient tenues» ou que personne n’aura fait comme eux. Ils sont leurs propres griots et les nigériens ne sauraient se nourrir d’auto-éloges surtout quand la réalité qu’ils vivent est toute autre.

Depuis que les socialistes se refusaient à partager le pouvoir, le voulant pour eux seuls, l’on avait compris que c’était pour refuser toute transparence dans la gestion de la chose publique. Ils aiment les magouilles, les affaires juteuses, et pour ce, ne peuvent composer de manière transparente avec un autre, fut-il un allié, pour ne pas avoir à partager et être seuls à profiter de ce qu’ils considèrent comme étant «leur pouvoir». Alors que Bazoum Mohamed pouvait avoir le courage de reconnaitre que leur régime aura péché en ne réussissant pas à lutter contre l’impunité et notamment en punissant les crimes dont se sont rendus coupables les camarades, un autre, un de leurs amis – Feu Salif Diallo en l’occurrence – qui a travaillé avec la Renaissance comme conseiller à la présidence du Niger tout en étant un opposant déclaré de Blaise Campaoré alors au pouvoir ; s’était dépité de la gestion de ses amis, en se confiant à un journal international dans lequel il exprime tout son ahurissement de les voir dans un temps record sortir de terre et bâtir des immeubles insolents à coût de centaines de millions quand lui, pour sa modeste villa au Burkina, aura mis des années pour la finaliser. L’homme par cette critique qui se libère de toute considération, montre à quel point même s’ils pouvaient être des amis et des socialistes, lui pouvait être si différent pour ne pas comprendre et accepter leur façon de gérer. Cette appréciation peut, à elle seule, faire comprendre, la monstruosité des crimes dont se rendaient coupables les camarades nigériens, tout le pillage systématique que les Renaissants pouvaient mettre en oeuvre pour leur confort et pour la «tranquillité » du clan. Si l’Ami a pu s’en être dégoûté, c’est sans doute parce que cela avait atteint les sommets de l’intolérable pour râler et le confier à un journal. Pourtant les hommes qu’il critiquait l’avaient bien aidé.

Mais alors que les Burkinabé pouvaient être prompts à châtier de tels comportements, ainsi qu’ils viennent de donner l’exemple, où après une dénonciation de la société civile, on l’hésita pas à écrouer un ministre de la défense, accusé de «délit d’apparence», au Niger pour plus grave, avec en sus, du sang des hommes qui accablent les détourneurs et leurs complices, on tâtonne, hésite, cherchant quelques subterfuges pour éviter à des camarades criminels, la honte et l’humiliation.

Peut-on d’ailleurs être un bon dirigeant quand on est incapable de sévir dans son camp pour que cela serve de leçon et que l’acte ait une fonction pédagogique à avoir un impact dissuasif d’abord sur ceux à qui l’on a fait confiance en les chargeant de missions particulières et qui doivent pouvoir le mériter par leur comportement vis-àvis de la chose publique, vis-à-vis du bien public que la Constitution a rendu sacré. Or, Zaki ainsi qu’aiment à l’appeler ses fans n’a jamais eu l’audace de sanctionner ceux qui, de sa gestion, ont commis les pires malversations de l’histoire du pays. Pourtant, comme au Burkina Faso, le pays des hommes intègres, comme si nous, nous ne devrions plus l’être, pour le délit d’apparence, au Niger, on aurait pu avoir les mêmes intransigeances pour traquer les camarades associés dans la gestion des affaires publiques et qui se seraient rendu coupables de malversations. Pourquoi donc ceux-ci n’iraient pas en prison quand la faute est reconnue et qu’elle est grave ? Sontils plus Nigériens qu’un autre ? Pourquoi vouloir coûte que coûte régler à l’amiable une affaire aussi grave ? Les Nigériens peuvent-ils accepter cette double arnaque ? La société civile, l’opposition et tous les partis politiques patriotiques, les syndicats et les centrales, tous les Nigériens, peuvent-ils continuer à se taire et à regarder des hommes traiter une affaire d’une telle ampleur à leur convenance, en dehors des principes de droit, juste pour protéger le clan ? N’y a-t-il pas urgence à former un front national contre ce vaste complot qui se trame contre le peuple après lui avoir volé son argent et ruiné son armée ? Pour combien de temps va-t-on continuer à se taire ? Fautil dès lors croire qu’un peuple n’a que les dirigeants qu’il mérite ? Comment est-il arrivé que le président Issoufou, si rigoureux dans les discours pour prêcher une gestion parcimonieuse des deniers publics, aujourd’hui manifeste tant de faiblesses à l’égard de ses camarades, qu’il ne peut que regarder impuissant à piller l’Etat, à spolier les Nigériens de leurs biens ? Comment cela lui estil arrivé ?

On peut extrapoler pour trouver quelques réponses à cette situation surprenante qui vient écorner gravement l’image d’un homme qui a travaillé pendant toute son opposition à se construire une image-modèle de lui-même, une image hélas qu’on ne peut plus lui reconnaitre aujourd’hui. Il y a d’abord le sentimentalisme par lequel il s’est cru devoir une gratitude, quelle que puisse être le niveau de prévarication de ceux à l’égard desquels il s’est cru redevable, pour leur pardonner leurs fautes. Et il se dit que l’homme serait reconnaissant en amitié pour laisser sa pègre consciente de cette faiblesse, «brouter» jusqu’à vider toutes les prairies pour n’en laisser aucun pâturage pour les prochains prédateurs qui, arrivés souvent tard, à l’image de ce Mnsd, durent se contenter de récoltes dérisoires, glanées dans l’empire dévasté des Renaissants. Mais il y a pire. Depuis qu’il fit le choix d’associer la famille dans la gestion de l’Etat et notamment du Fils, il ne pouvait que se rendre vulnérable, montrant et offrant par cette autre faiblesse, un argument au sein même de son système, à d’autres de douter de son action et de ses prétendues rigueurs. Peut-il ne plus avoir confiance en un autre dans le parti, pour manquer de pitié pour l’enfant qu’il vient ainsi sacrifier dans cette jungle où, forcément, tant de l’intérieur que de l’extérieur de son système, l’on ne puisse pas avoir pitié de ses épaules politiques encore fragiles qu’une ombre paternelle protège, et peut-être laisse agir à sa guise jusqu’à la faute ? Or, lorsque cela est su de tous, et notamment lorsque tout le monde sait que la faute est aussi dans la maison, l’on a beau aimer lutter contre l’impunité, il ne peut qu’être délicat pour un père qui, comme un père Goriot, pourrait aimer jusqu’à la folie des enfants, ne peut ni voir leurs excès, encore moins leurs fautes. Se peut-il donc que ce soit ce drame que vit le père de la Nation que de telles imprudences pourraient avoir perdu et plongé dans une dépression ? Trêve de spéculations, et laissons le temps dévoiler des secrets, car comme le dit le célèbre musicien Bob Marley, «Time will tell».

Rien ne permet donc encore de l’avouer mais les développements futurs des dossiers de la Défense, devront certainement lever des coins de voile pour laisser voir toutes les ramifications de l’affaire, toutes ses complicités et ses complications, et certainement les graves secrets qui justifient ces gros silences autour de la scabreuse affaire sur laquelle, depuis quelques temps, dans le pouvoir, personne n’ose se hasarder, tous s’étant effrayés de ses délicatesses.

Pourquoi donc, tout le monde se tait aujourd’hui, ne pouvant piper mot du scandale du siècle ?

Il va sans dire que la Renaissance s’est rendu compte du caractère gravissime de son crime, se rendant compte qu’elle ne peut user d’aucun autre subterfuge pour taire l’affaire, et calmer l’indignation d’un peuple qui ne comprend pas. Et le peuple ne comprend pas. Les nigériens ne comprennent pas. Peut-être même que le socialisme même ne comprend pas.

Et cette question troublante vient : Issoufou, peut-il ne pas être au courant de toute cette mascarade ? Personne ne peut le croire surtout lorsqu’il s’agit d’une question aussi sensible et grave que celle de la sécurité pour laquelle la Constitution fait de lui le Chef Suprême des Armées. Dire que tout se serait passé par-dessus de sa tête ne peut qu’être une incongruité que même les esprits naïfs ne sauraient croire. Mais alors pourquoi hésite-til à sévir, à punir à la hauteur des fautes commises par des gens qui auraient abusé de sa confiance et qui portent ainsi par leurs graves. manquements le sang des enfants de la nation sur leurs mains cupides ? Peut-il donc avoir les mains sales ainsi que certains le susurrent, ne serait-ce parce que son entourage immédiat pourrait être impliqué dans la mafia ?

Faut-il croire qu’Issoufou est victime de ses choix complaisants pour ne pas savoir choisir l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ? C’est peut-être le risque à faire la faveur à des gens pour lesquels, au nom d’une filiation ou d’une relation quelconque, il pourrait être difficile de sanctionner. Comme quoi, il n’est pas permis à n’importe qui d’être un Kountché. Ah, les grands hommes, quand vous nous manquez ! Aussi, l’on pourrait croire que les socialistes nigériens, pour leur formation politique, n’ont pas lu que Le Prince de Machiavel, et qu’ils pourraient avoir complété leur culture livresque avec Antigone de Jean Anouilh qui, face à l’entêtement d’Antigone à braver les lois de la cité que lui a le devoir de respecter et de faire respecter, sait se départir, tirant les leçons de la dialectique du droit et du devoir, de considérations familiales dans lesquelles les jeux de la petite fille pouvaient le pousser pour assumer ses obligations de dirigeant qui ne saurait transiger et avoir de la faiblesse même lorsqu’il lui faut appliquer la loi contre sa nièce qui l’aurait l’enfreinte et qui pourrait trainer dans sa mort son propre fils qui devrait l’épouser. Un dirigeant a besoin d’une main lourde qui ne peut trembler en face d’aucun défi lorsque les circonstances l’exigent. Issoufou Mahamadou, peut-il comprendre que l’heure est grave et qu’il fait désormais face à lui-même. On peut dès lors comprendre l’état d’esprit d’un homme auquel se pose un drame cornélien : châtier pour être quitte avec sa conscience et avec un peuple sachant que pareille audace pourrait conduire son régime à sa chute inévitable, ou tenter l’impunité pour une affaire aussi grave, pour s’exposer et faire face au peuple et à l’Histoire ? Le choix n’est que difficultueux pour le prince piégé. C’est le pétrin.

C’est d’autant compliqué pour le régime qui a vainement tenté de se servir de la pandémie comme bouclier pour se protéger de la vague que soulevait l’audit du ministère de la Défense. Il se trouve d’ailleurs que le régime ne réussit même pas à construire une solidarité même factice autour de l’affaire derrière laquelle il aurait aimé que tous à la MRN fassent bloc pour maintenir sa cohésion et mettre à l’abri un pouvoir qui tremble de s’être fait découvrir dans de si graves affaires.

Comment d’ailleurs faire l’entente autour du mal surtout quand on n’a pas été de ceux qui auront profité de la saison des ravages qui ont mis à terre l’Etat ?

Mais encore une fois, pourquoi, malgré l’indignation du peuple, de celle de son ministre de la Défense profondément écoeuré à la découverte des dégâts et de la gravité des actes incriminés, le Magistrat Suprême, hésite-t-il à donner la remontrance exemplaire qui s’impose et pour être en phase avec le peuple qui râle ? Ne peut-il pas sacrifier ceux qui sont cités dans l’affaire ne serait-ce que pour se mettre à l’abri de soupçons de complicités préjudiciables à sa propre réputation, ici et ailleurs dans le monde où il est allé chercher ces médailles de pacotille qui font de lui champion en tout ? Qu’a-t-il à protéger en ne montrant pas une volonté réelle d’élucider le dossier sur lequel le peuple l’attend et qui met une tache noire, une souillure même sur sa gouvernance finissante ?

Issoufou, parce qu’il est appelé à partir bientôt, ne doit plus continuer à jouer au dilatoire pour ajourner un procès qui ne peut, de toute façon, que se tenir aujourd’hui, demain ou un autre jour. Pour les enfants qui sont morts, pour leur mémoire, pour la trahison dont ils sont les victimes inoubliables, le peuple doit exiger justice et réparation, car il est immoral de construire son confort sur le cadavre des autres. Ce crime, pour l’histoire, ne peut donc rester impuni. S’il ne le fait pas, un autre, forcément, le fera un jour. Forcément.

Après tout, les hommes passent, les institutions restent !
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