Le magistrat Mamane Sayabou Issa a été nommé, jeudi 4 juin par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, en remplacement de Samna Chaibou Boubé, mis en position de disponibilité. Formé à Dakar au Sénégal, le nouveau procureur connait bien la maison pour avoir déjà officié à plusieurs postes comme celui de procureur adjoint et de doyen des juges d’instruction. Sur sa table, les dossiers ne manquent pas, en particulier ceux qui défraient actuellement la chronique notamment l’affaire de l’audit du ministère de la Défense nationale. Une entrée en matière et un défi de taille pour le spécialiste des crimes économique et financière.
Le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey (TGI/HC) de Niamey a depuis le jeudi 4 juin, un nouveau procureur de la République. Il s’agit du magistrat Mamane Sayabou Issa, qui était jusqu’à cette nomination et depuis quelques mois, le Doyen des juges d'instructions du même tribunal ainsi que celui des deux pôles spécialisés du Niger à savoir le pôle antiterroriste et crime organisé et le pôle économique et financier, cumulativement avec ses fonctions de juge d'instruction du Tribunal militaire. Intégré dans le corps de la magistrature le 1er janvier 2002 après une maitrise en droit privé à l’Université Abdou Moumouni de Niamey en 1998 et une formation au Centre de Formation Judiciaire (CFJ) de Dakar au Sénégal en 2001, le nouveau procureur du TGI/HC de Niamey, a fait ses premières armées dans le corps de la magistrature comme juge des affaires civiles, commerciales et coutumières, puis substitut du procureur à Niamey. Il a ensuite assumé les fonctions de président du Tribunal d'Instance de Matamèye, dans la région de Zinder, puis vice président du Tribunal de grande instance de Tillaberi et par la suite de Diffa. En juillet 2012, il a été nommé président du Tribunal de grande instance de Birni N'konni (Tahoua) avant d'être rappelé, en juillet 2015, à Niamey.
Un spécialiste des affaires économiques et financières
Le successeur de Samna Chaibou Boubé retrouve donc le parquet puisqu’il a été, de 2015 à 2020, procureur de la République adjoint près le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, cumulativement avec ses fonctions, de procureur adjoint des Pôles judiciaires spécialisés en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée et du pôle économique et financier. C’est dire qu’il connait bien « la maison » et surtout, il a déjà une parfaite connaissance des dossiers chauds de l’heure notamment ceux en matière économique et financière où il est d’ailleurs très attendu.
L’une des affaires qui défraie actuellement la chronique et qui constituera sans aucun doute, une sorte de « mise à l’épreuve » pour le nouveau procureur, c’est l’affaire de l’audit du ministère de la Défense nationale. Après plusieurs semaines de procédures et de polémiques, le dossier ou disons, les dossiers, ont atterrit au niveau du parquet du TGI/HC. Depuis que le parquet a confirmé, le 7 avril dernier dans un dernier, la transmission de 177 dossiers par les services du gouvernement. La balle est désormais dans le camp de la justice dans cette affaire qui a révélé de graves manquements dans la gestion des fonds alloués à la sécurité. Plusieurs cadres du ministère de la Défense nationale ainsi que des hommes d’affaires proches du pouvoir sont cités dans cette affaire qui continue d’alimenter les débats dans le pays.
Ce n’est pas le seul dossier sur lequel est attendu le procureur en matière d’assainissement et de crimes économiques puisque d’autres affaires sont depuis des années en instance à l’image de l’affaire de la gestion à la CAIMA ou celle des biens restitués à l’état de la CNPC/SORAZ. Il ne s’agit-là que des affaires les plus en vue et qui attendent un vrai traitement judiciaire en attendant la suite des dossiers en cours et qui font suite aux audits lancés dans plusieurs institutions de la République. L’expertise acquise par le nouveau procureur au niveau du pôle économique et financier va sans doute permettre au parquet d’accélérer les procédures et surtout de faire rentrer l’Etat dans ses droits tout en punissant les coupables des forfaitures commises et qui ne font désormais aucun doute même si, en l’état actuel des choses, la présomption d’innocence est de mise.