Selon le Premier ministre Brigi Rafini, les pertes d’emplois suite à la crise du Covid-19 sont évaluées à près de 35.000 postes sur un effectif potentiel de plus de 800.000 emplois-salariés prévus pour l’année 2020. Le gouvernement a mis en place un plan de soutien financier pour les entreprises mais pour beaucoup de PME, ce soutien pourrait s’avérer vain au regard de certains critères mis en avant pour l’accès à ces ressources.
Comme pour tous les pays du monde, la crise sanitaire de la pandémie du coronavirus s’est accompagnée d’une crise économique et sociale en raison notamment des mesures prises pour freiner la propagation du Covid-19. Cette situation impacte particulièrement le marché du travail et au Niger, selon les estimations officielles, les pertes d’emplois suite à la crise du Covid-19 sont évaluées à près de 35.000 postes sur un effectif potentiels de près de 800.000 emplois-salariés prévus pour l’année 2020. C’est ce qu’a annoncé le premier ministre Brigi Rafini à l’occasion de l’ouverture, dans l’après-midi du vendredi 5 juin dernier à Niamey, des travaux de la première session ordinaire du Conseil national de travail, au titre de l’année 2020. Devant les membres du gouvernement et les représentants des organisations socioprofessionnelles, membres du conseil, le chef du gouvernement, a rappelé que cette crise de la pandémie du Covid-19 est aussi une crise économique et sociale, « parce qu’elle a engendré la baisse voire la suspension des activités économiques, avec leurs corolaires de résiliation des contrats de travail ou de perte d’emploi. Ce qui induit la baisse de la création de richesses nationales; la perte de revenus pour beaucoup de salariés et même des travailleurs du secteur informel». C’est pourquoi a indiqué le premier ministre, le gouvernement a pris des mesures afin de gérer les impacts de cette pandémie, à travers un plan globale de riposte autour de trois axes, à savoir: la gestion sanitaire, le soutien aux populations vulnérables et l’atténuation de l’impact de la pandémie sur l’économie. «A cet égard, le gouvernement a signé un accord-cadre avec les banques installées au Niger d’un montant de 150 milliards, en vue de soutenir les entreprises nigériennes impactées par la pandémie», a souligné le Chef du gouvernement.
Difficultés d’accès aux fonds
Si les mesures prises et annoncées par le gouvernement ont été bien accueillies par les chefs d’entreprises, en ce sens qu’elles permettraient d’atténuer l’impact de la crise particulièrement pour la sauvegarde des emplois, il n’en reste pas que des inquiétudes commencent à se manifester sur leurs réels impacts. La semaine dernière, lors de la présentation du mécanisme de soutien financier aux entrepreneurs à la Chambre de commerce et d’industrie, beaucoup se sont insurgés relativement aux conditions d’accès à ces fonds. Selon plusieurs chefs d’entreprises, notamment les PME, certains critères sont de nature à leur bloquer l’accès aux ressources mis en place avec la collaboration des banques locales. C’est le cas du volet relatif aux contrats (CDI, CDD) alors que beaucoup de PME et TPE (Très petites entreprises) végètent dans l’informel ou tout au plus dans des conditions précaires au regard de l’écosystème économique et industriel national. Aussi, d’autres s’indigent du fait que le gouvernement soit déjà revenu sur certaines mesures prises notamment en matière fiscale, au lendemain de la fin de la période de couvre-feu ou de restriction des activités alors que certaines entreprises sortaient juste de plus de deux mois d’inactivité. D’autres entreprises, comme celles des secteurs des transports, du tourisme ou de l’hôtellerie continuent d’ailleurs à subir les effets de la crise du fait du maintien de la fermeture des frontières.
C’est pourquoi, les chefs d’entreprises estiment qu’il est nécessaire que les réalités locales soient véritablement prises en compte pour que le plan de soutien de gouvernement ait un réel impact au niveau des entreprises, ce qui permettra de sauvegarder les emplois et ainsi permettre une relance vigoureuse de l’économie nationale.