C’est désormais un truisme de constater ou de parler de l’impraticabilité de la ville de Niamey pendant l’hivernage, et ce, depuis plusieurs années. On ne parle pas ici seulement des cas de certains quartiers de la capitale devenus des quartiers-radeau suite à des pluies torrentielles. Des quartiers comme Koira Kano Nord, Bassora, Dar Es-salam, Saga, Lazaret, en sont peut-être les cas les plus emblématiques.
Non, en réalité, le problème est plus profond que cela, toute la ville de Niamey noie sous les eaux de pluie, les flaques d’eau et les marigots faisant d’ailleurs les beaux jours de nos amis crapauds dont les croassements assourdissants, la nuit, les fait passer pour les maîtres des lieux ! Cette situation n’est pas sans nous rappeler le nom d’un quartier tristement célèbre de la banlieue d’Abidjan connu pour être le plus sale de cette capitale, ‘’Koumassi Poto Poto’’.
Les saisonniers et étudiants nigériens savent de quoi il s’agissait réellement, c’est-à-dire ce marécage permanent, ces flaques d’eau abyssales, cette promiscuité, qui faisaient de cette commune la plus invivable de la ville. Sans pousser la comparaison jusque-là avec la situation de Niamey, l’image de notre capitale n’en sortira pas moins écornée, surtout en ces temps où l’on parle beaucoup du Programme Niamey Nyala, ce mirifique projet de modernisation de la capitale cher au Président de la République, Issoufou Mahamadou, dans sa grande ambition de faire de cette ville la vitrine du pays. Niamey se modernise, il est vrai, son agglomération se métamorphose, mais, d’un autre côté, l’assainissement ne suit pas le rythme accéléré de cette transformation, et c’est là que le bât blesse !
Pourtant, à y regarder de plus près, la solution à ce problème est clairement identifiable : Niamey manque cruellement de système d’évacuation des eaux de pluie, bref, cette ville manque tout simplement de caniveaux en nombre, capables de charrier toute cette importante masse d’eau vers le lit du fleuve. Dans le temps, ce système d’évacuation, non seulement des eaux de pluie, mais aussi des eaux usées des ménages, fonctionnait à peu près correctement, les autorités municipales de cette époque-là y veillant constamment sans doute.
Cependant, l’urbanisation accélérée et désordonnée qu’a connue Niamey ces dernières années ne s’est pas accompagnée d’un programme de viabilisation de la ville afin de la mettre à l’abri des eaux pluviales. Même les quelques rares caniveaux datant de la période de la ‘’belle époque’’ qui existaient encore, ont été volontairement bouchés par des citoyens pour y installer leur commerce ; c’est le cas, par exemple, du Rond-point Hôtel Moustache où un commerçant de matériaux de construction, selon des sources, aurait délibérément bouché le caniveau de ce point d’intersection, entraînant ainsi la stagnation des eaux de pluie sur cette voie centrale. On a beau multiplier les voies bitumées dans la capitale, tant que le système d’évacuation des eaux pluviales demeurera archaïque, ces routes ne seront pas viables, car elles seront, tôt ou tard, érodées par ces eaux stagnantes. Aussi, la permanence de ces flaques d’eau, lieux de prédilection de prolifération des microbes de toutes sortes, dont le terrible anophèle femelle (vecteur du paludisme), n’est pas sans conséquences sur la santé publique.
Au lieu de se focaliser sur des mesures de police, comme le port du casque pour les conducteurs de motos, initiative toute aussi salutaire, il faut l’avouer, compétence qu’elle partage, d’ailleurs, en concurrence avec d’autres services publics, la Délégation Spéciale de Niamey devrait plutôt se concentrer sur ses domaines de compétence propre, comme l’hygiène et l’assainissement de la ville qui sont aujourd’hui les tendons d’Achille du Programme Niamey Nyala.
On peut tout de même saluer, au passage, quelques initiatives intéressantes à l’actif de la Délégation Spéciale de Niamey, comme la création de lieux publics de détente. Mais le tableau serait plus complet, voire idyllique, si l’hygiène et l’assainissement prenaient place à côté. Simple avis de citoyen !