Présidence de l’OMC: pourquoi le Bénin a sacrifié son candidat Eloi Laourou pour la Nigériane N’gozi Iweala ?

Publié le mardi 16 juin 2020 | Autre presse

Le Bénin a retiré la candidature d’Eloi Laourou et soutient désormais de la Nigériane, N’Gozi Iweala, au poste de Directeur Général de l’Organisation Mondiale du Commerce. Le président Talon l’a annoncé à l’OIF à travers une lettre. Ce sacrifice est-il nécessaire ? Que gagne le Bénin à abandonner son ambassadeur à l’ONU ? Est-ce un infime sacrifice comparé à ce que le Bénin pourrait gagner en retour ?

A première vue, cette annonce paraît surprenante sachant la période de tensions qu’ont vécu les deux voisins en août dernier lorsque Muhammadu Buhari a fermé ses frontières et refusé de les ouvrir à son voisin de l’Est. La mesure protectionniste s’était fait ressentir sur l’économie béninoise sachant que les échanges avec le voisin sont estimés à 20%. Serait-ce donc une tentative de rapprochement d’avec le géant nigérian dont le Bénin dépend à plusieurs niveaux ?

En plus des relations de bon voisinage, l’on peut inscrire l’attitude de Patrice Talon et son gouvernement dans l’élan de solidarité ouest-africaine. L’Afrique comptant d’autres candidats comme la Kenyane Amina Mohamed et l’Egyptien Abdel Hamid Mamdouh, le choix de soutenir le Nigéria peut donc découler de cette synergie régionale.

Au niveau international, l’optique d’une bonne coopération sud-sud passe par le soutien d’un candidat africain ou issu d’un pays du Sud. Une personne du Sud servirait les intérêts du bloc Sud souvent lésés, peu consulté ou entendus dans ce genre d’organisation. Il faut donc utiliser les voies efficacement et non les dispersées pour augmenter les chances de victoire.

Mais au-delà des intérêts géostratégiques ou économiques, N’Gozi Iweala a un profil impressionnant.

Présidente de la Commission de l’Union africaine, membre du groupe de plaidoyer de haut niveau mis en place en mars dernier pour la mobilisation du soutien international à l’Afrique face à la Covid, ex-vice-présidende de la Banque mondiale de 2007 à 2011, l’économiste et ancien ministre des Finances du Nigéria passe pour être le meilleur choix pour le continent d’après certains experts.

Candidate au poste de présidente de la Banque Mondiale en 2012 face à l’Américain d’origine coréenne, Yim Jong Kim, elle fut battu mais demeura une adversaire de taille pour un candidat américain. Iweala a donc une bonne expérience dans la gestion d’organisme internationale et poste à haute responsabilité en plus de son impressionnant bagage intellectuel.

Se mobiliser derrière un candidat permet d’accroître les chances de l’emporter. Le voisin nigérian aurait-il courtisé son voisin béninois pour son soutien? Les raisons économiques et géostratégiques sont elles à l’origine ? Au-delà des intérêts étatiques, le profil de N’Gozi Iweala a-t-il effrayé son opposant béninois ?

En attendant de le savoir, un jour, Iweala N’GOZI devra gagner pour faire honneur au Benin et à tous les voisins de la zone CEDEAO.

MAHK

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