Le Niger se joint aujourd’hui 17 juin 2020, à la communauté internationale pour célébrer la Journée Mondiale de lutte contre la Désertification. À la veille de la commémoration de cette journée, le ministre en charge de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable, M. Almoustapha Garba a livré un message dans lequel il a souligné que l’Afrique est sans conteste la région la plus durement touchée par la désertification et les sécheresses. Le thème retenu cette année est axé sur le triptyque « Aliments. Fourrage. Fibres ».
La célébration de la journée mondiale de lutte contre la désertification a été instituée en 1994 par l’Assemblée Générale des Nations Unies dans le seul but de renforcer la sensibilisation mondiale sur la lutte contre la désertification des terres et d’attirer l’attention sur la mise en œuvre de la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par ce phénomène, notamment en Afrique. Ainsi, les conséquences de la dégradation des terres sont connues de tous. L’insécurité alimentaire, la pauvreté, les conflits et les migrations forcées qui en découlent touchent déjà deux milliards de personnes sur le plan mondial, a indiqué le ministre Almoustapha. Aussi, il a précisé que les terres font l’objet d’une demande et d’une concurrence croissantes dans les domaines de l’agriculture, de l’expansion urbaine et des infrastructures.
Selon le ministre de l’Environnement, environ 75% de la totalité des terres sont dégradées et cette transformation se poursuit à un rythme de plus en plus soutenu. C’est ce qui fait dire à M. Ibrahim Thiaw, l’actuel Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification «si nous continuons à produire et à consommer comme d’habitude, nous consommerons la capacité de la planète à maintenir la vie jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des déchets. Nous devons tous faire de meilleurs choix sur ce que nous mangeons et ce que nous portons pour aider à protéger et restaurer la terre ». Par ailleurs, garantir suffisamment de nourriture et de vêtements aux dix (10) milliards d’habitants que comptera la planète d’ici 2050 suppose donc de rapides changements de comportement, lesquels peuvent à leur tour influencer les pratiques et politiques commerciales. Ainsi, au rythme de consommation actuelle, a dit le ministre de l’Environnement, en 2050, la terre devra soutenir une augmentation de la production de 56% et un accroissement de 593 millions d’hectares supplémentaires en terres agricoles par rapport à 2010. La demande en eau pour la production alimentaire pourrait atteindre entre 10.000 et 13.000 milliards de mètres cubes par an, soit jusqu’à 3,5 fois plus que la consommation totale d’eau douce actuelle. De même, les terres utilisées pour le pâturage et la production de céréales destinées à l’alimentation animale représentent 80% des terres agricoles mondiales. C’est dire que d’ici 2030, l’industrie de la mode devrait utiliser 35 % de terres supplémentaires, soit plus de 115 millions d’hectares. C’est pourquoi, le ministre de l’Environnement précise que le thème de la journée mondiale nous interpelle. Il pose la problématique de la gestion durable des terres, en vue d’un monde meilleur, pour les générations futures. «Nous devons agir maintenant, avec détermination pour prévenir, enrayer et inverser la tendance. Nous pourrons ainsi atteindre l’Objectif de Développement Durable 15.3, relatif à la neutralité en matière de dégradation des terres d’ici 2030 », a relevé le ministre Almoustapha Garba. En Afrique, de nombreux pays souffrent de la pauvreté et dépendent lourdement des ressources nationales pour la subsistance. Cette situation est encore plus exacerbée par la pandémie à coronavirus ou COVID 19 et toutes sortes d’insécurités dans la région. En outre, le Niger reste conscient que toutes les problématiques liées à l’environnement ont une dimension régionale et qu’il est nécessaire de mutualiser les efforts pour y faire face. C’est dans cet esprit qu’il a été élaboré sous la conduite du Président Issoufou Mahamadou, président de la Commission Climat pour la Région du Sahel, un plan d’investissement prioritaire global et ambitieux pour la Région du Sahel pour la période 2020-2030, dont la mise en œuvre doit être soutenue par les Etats et leurs partenaires au développement.