« Sans sécurité, il n’y a ni commerce, ni développement ». Ces propos sont du président de la République, Issouffou Mahamadou, qui a pris part au sommet virtuel Chine-Afrique organisé ce mercredi 17 juin 2020 sur la Covid-19. Dans son allocution à ce sommet, le chef de l’Etat a lancé un plaidoyer pour « un plan Marshall de type nouveau pour l’Afrique ». Ci-dessous, l’intégralité de son discours.
ALLOCUTION DE SEM ISSOUFOU MAHAMADOU, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT Sommet virtuel Chine-UA sur le COVID-19:
Niamey, le 17 JUIN 2020
Excellence Monsieur le Président Xi Jinping,
Excellence Monsieur le Président Cyril Ramaphosa,
Excellence Monsieur le Président Macky Sall,
Messieurs les chefs d’État et de Gouvernement,
Excellence Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,
Monsieur le Directeur Général de l’OMS,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à féliciter le bureau du Sommet de notre Forum de Coopération Sino-Africain et l’Union Africaine pour l’organisation de la présente rencontre extraordinaire consacrée à la Covid-19.
Je tiens également à réitérer l’appréciation et l’attachement, des pays membres de la CEDEAO, au partenariat incarné par le Forum sino-africain.
C’est dans le cadre de ce partenariat que s’organise la riposte Sino-Africaine contre la Covid-19.
Le Gouvernement chinois, sous la direction du Président Xi Jinping a obtenu des résultats exceptionnels dans la lutte contre cette pandémie, ce qui renforce l’estime et l’admiration dont jouit la Chine auprès de ses partenaires africains.
Qui plus est, la Chine s’est distinguée par sa contribution au niveau globale dans la lutte contre la pandémie, à travers notamment la coordination avec l’Union Africaine, les Nations Unies et l’Organisation Mondiale de la Sante. Je salue ici, la mise en place de la plateforme commune d’approvisionnement en équipement et intrants de lutte contre la pandémie de la COVID-19 par l’Union Africaine grâce à l’appui de la Chine et de l’OMS.
Les Etats membres de la CEDEAO tiennent à réitérer leur soutien aux Secrétaire Général des Nations Unies et au Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé pour leur leadership dans la gestion de la COVID-19, avec notamment l’adoption par la 73ème Assemblée de l’OMS de la résolution sur la riposte à la COVID-19. Ils se félicitent de la mobilisation mondiale en vue de trouver un vaccin.
Messieurs les Coprésidents,
La pandémie de la Covid-19 a déjà fait de nombreuses victimes sur notre continent et ailleurs dans le monde.
Elle a, et aura de graves conséquences socio-économiques sur l’ensemble des pays du continent. Ainsi, au niveau de la CEDEAO par exemple, le taux de croissance économique initialement prévu à 3,3% en 2020 baissera à -2,1% si la pandémie persiste jusqu’à la fin de l’année, induisant notamment une baisse des recettes fiscales et un accroissement du chômage et de la pauvreté. Certains pays notamment ceux du Sahel et du bassin du lac Tchad connaissent une triple crise : sanitaire, sécuritaire et économique.
Pour faire face à la situation, nos Etats ne ménagent aucun effort pour organiser la riposte. L’Afrique doit faire face non seulement à la pandémie mais aussi à la nécessité de relancer son économie. Ce double combat nécessite une mobilisation exceptionnelle de ressources financières. Déjà, avant la pandémie, l’Afrique avait besoin de 600 milliards de dollar par an pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable, et ceux de l’agenda 2063, notamment les objectifs de son premier plan décennal 2013-2023 dont les projets structurants portent sur la Zone de Libre Échange Continentale Africaine, les infrastructures, l’industrie et l’agriculture. Ces deux agendas constituent la grande vision autour de laquelle toutes nos énergies demeurent mobilisées. C’est le seul gage pour le décollage économique du continent, la création des emplois et la génération des revenus pour nos populations. Un pas décisif dans la mise en œuvre de ces agendas a été franchi avec le lancement, en juillet 2019 à niamey, de zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), mais pour que le succès soit pérenne et que les autres projets soient mis en œuvre, il faut non seulement garantir les financements mais aussi garantir la stabilité, la paix et la sécurité. A cet égard, l’engagement de la Chine aux côtés de l’Union Africaine pour la mise en œuvre de l’initiative du partenariat de coopération Chine-Afrique pour la paix et la sécurité, qui vient s’ajouter aux cadres bilatéraux de coopération, est à saluer. Nous sommes tous conscients que sans sécurité, il n’y a ni commerce, ni développement.
Au niveau de l’UNION africaine, sous le leadership du Président Cyril RAMAPHOSA, plusieurs mesures et initiatives ont été adoptées au cours des différents sommets virtuels.
Ainsi, pour mobiliser les ressources nécessaires, l’Union Africaine a mis en place une Task Force qui a déjà fait les propositions suivantes :
- un moratoire de un à deux ans pour le remboursement du principal et des intérêts de la dette des Etats les plus fragiles
- l’utilisation des droits de tirage spéciaux DTS du Fonds Monétaire International
- Le renforcement de l’appui de la Banque Mondiale via l’IDA
- Le reprofilage de la dette privée des Etats via des mécanismes appropriés sans dégradation de leur cotation.
Tout en saluant les annonces du G20 et du Secrétaire Général des Nations Unies relatives à un moratoire sur la dette des Etats les plus fragiles, je suis convaincu qu’un simple moratoire ou même une annulation de la dette ne suffira pas. Il faut aller plus loin. Il faut un plan Marshall de type nouveau pour l’Afrique, qui doit mobiliser aussi bien les ressources liées à l’annulation de la dette que celles de l’aide publique au développement des investissements directs étrangers et d’autres financements innovants.
Permettez-moi de saluer les annonces positives du Président Xi Jinping relativement à la dette des pays Africains. Ces annonces témoignent de la profondeur de l’amitié entre la Chine et le continent Africain. Elle conforte les décisions prises au dernier FOCAC sous forme de huit initiatives économiques et commerciales financées par la Chine à hauteur de 60 milliards de dollars. Elles confortent les actions bilatérales avec chacun de nos Etats dont, pour le Niger, la signature récente de 4 accords à l’occasion de ma visite officielle en Chine en Mai 2019. Parmi ces accords figure le Mémorandum d’Entente entre les Gouvernements nigérien et chinois sur la promotion conjointe de la Ceinture et la Route, ce grand projet qui vise la création d’une communauté de destin pour l’humanité.
La COVID 19 confirme l’existence de cette communauté de destin qui exige la mise en place d’un nouvel ordre politique et économique mondial. C’est à la réalisation de cet ambitieux chantier que la Chine, l’Afrique, et les autres nations du monde doivent s’atteler dès maintenant et surtout après la victoire contre la COVID-19.