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Au Sahel, la faim n’attend pas : les bailleurs doivent s’engager maintenant – L’info qu’il vous faut du Niger

Publié le samedi 20 juin 2020  |  fr.cameroonmagazine.com
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© Le Sahel par DR
Journée Internationale de lutte contre la faim : Le Lions Club organise une séance de distribution de repas au quartier Koira Tégui
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Action contre la Faim (ACF), CARE International, Norwegian Refugee Council (NRC), OXFAM et Save the Children alertent sur le report de la conférence des bailleurs sur le Sahel initialement prévue le 18 juin, alors que la situation au Sahel est dramatique et n’a jamais été aussi inquiétante. Avec l’impact de covid-19 et le début de la période de soudure, une « pandémie de la faim » vient désormais menacer une région déjà fortement éprouvée par de multiples crises, où 24 millions de personnes (y compris des enfants), un nombre sans précédent, ont déjà besoin d’une aide humanitaire urgente.

Alors que les violences et massacres se poursuivent et contraignent toujours plus de personnes à fuir leurs foyers, les besoins humanitaires explosent et les financements eux tardent à arriver. A la moitié de l’année 2020, les plans de réponse humanitaire du Sahel restent financés seulement à hauteur de 26% ou moins. Déjà en 2019, seule la moitié des financements nécessaires avaient pu être mobilisés. « Face à l’urgence de la situation au Sahel et alors que la soudure de juillet à août va aggraver encore la situation pour des millions de personnes, le report de la conférence des bailleurs est un coup de plus qui risque d’être fatal pour des millions de sahéliens. La faim elle, n’attend pas. La communauté internationale ne peut pas abandonner le Sahel au moment où les populations ont le plus besoin d’aide, nous sommes à un point de rupture », interpellent les organisations.

L’arrivée du COVID-19 n’a fait qu’aggraver la crise humanitaire et alimentaire. Au Sahel Central, 5,5 millions devraient souffrir d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure, soit 2,5 fois plus que la moyenne des cinq dernières années. Les mesures prises par les pays pour ralentir la pandémie ont permis d’éviter, pour l’heure, les scénarios catastrophes annoncés au début de la pandémie COVID 19. Cependant, elles ont aussi fragilisé les ménages, et en premier lieu, les plus précaires.

A Kaya, au Burkina Faso, des personnes déplacées internes ont manifesté en avril dernier devant la mairie pour appeler à l’aide. La situation est d’autant plus dramatique pour les femmes, qui se privent de manger pour sauver leurs enfants, dont l’état nutritionnel pourrait rapidement se dégrader. « Le coronavirus est venu et a tout changé dans ma vie », rapporte Ali, 15 ans, dans la région de Maradi au Niger. « Avant, j’arrivais à manger au moins trois fois par jour, aujourd’hui c’est à peine que je peux avoir à manger deux fois par jour. Mon père ne sort plus beaucoup pour chercher de l’argent comme avant ».

« La pandémie de COVID 19 a ajouté une pression supplémentaire sur une situation déjà intenable. La période de soudure a toujours été une période difficile pour les populations sahéliennes mais dans ce contexte explosif, c’est la saison de tous les dangers et l’arrivée des pluies va augmenter les cas de paludisme et de choléra. L’accès aux services essentiels à la santé, à l’eau, sont d’autant plus indispensables en contexte de maladie et de pandémie et aujourd’hui largement insuffisants. » s’inquiètent les organisations humanitaires. « Cette maladie nous fait peur, on nous dit qu’il faut de l’hygiène, alors qu’on n’a pas d’eau, on n’a pas à manger », s’inquiète Zara, femme déplacée à Kaya, avant d’ajouter : « Avec l’arrivée de la saison des pluies, nous aurons aussi bientôt besoin d’abri et de médicaments ».

« Face à la situation inédite que nous vivons plusieurs pays donateurs ont proclamé la nécessité d’être solidaire avec le continent Africain pour soutenir les réponses en cours dans les différents pays. Force est de constater aujourd’hui que ce discours ne semble pas suivi d’effet. Les bailleurs humanitaires doivent urgemment au moins doubler leurs financements humanitaires pour le Sahel pour les deux mois à venir.” concluent les organisations humanitaires.

La communauté internationale doit soutenir les efforts déjà engagés par les pays du Sahel en réponse aux multiples défis auxquels ils font face. En 2020, selon OCHA, 2,8 milliards de dollars sont nécessaires au Sahel pour apporter une aide vitale à 24 millions de personnes. A cela s’ajoute les 638 millions demandés pour la réponse à la pandémie de covid-19.
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