Annoncé en décembre dernier à Niamey puis confirmé en janvier lors du Sommet de Pau, en France, le déploiement des soldats tchadiens dans la Zone dite des trois frontières (Niger, Mali, Burkina), va devoir encore attendre. Selon la présidence tchadienne, l’armée va concentrer pour le moment ses efforts militaires dans le bassin du Lac Tchad contre Boko Haram.
Le Tchad n’enverra pas de sitôt ses soldats à la frontière entre le Niger, le Mali et le Burkina où la situation sécuritaire s’est particulièrement dégradée il y a quelques mois, avec la multiplication d’attaques terroristes meurtrières contre les positions militaires et les localités situées dans la zone dite des trois frontières (Liptako-Gourma). C’est ce qu’a confirmé la Présidence tchadienne à l’issue d’une réunion, le jeudi 19 juin 2020, avec le commandant de la force Barkhane, ainsi que plusieurs diplomates et responsables militaires des deux pays, sur le suivi des engagements pris lors du Sommet de Pau, en janvier dernier.
« La 4ème Réunion du Comité de suivi des engagements du Sommet de Pau consacrée à la lutte contre le terrorisme au Sahel s’est tenue cet après-midi (jeudi 19 juin,NDLR) sous la présidence du Chef de l’Etat Idriss Déby Itno. Il a été question essentiellement au cours des discussions de la participation du contingent tchadien au Fuseau Centre particulièrement affecté par l’action des groupes armés terroristes. Le Tchad concentre pour l’instant ses efforts militaires autour du Lac-Tchad ». Présidence Tchadienne.
Très attendu dans la zone, le déploiement du contingent tchadien devrait intervenir depuis fin mars dernier comme l’a confirmé à plusieurs reprises, le ministre de la Défense, le général Mahamat Abali Salah. « Le déploiement d'un bataillon tchadien dans la zone des trois frontières est attendu. Chaque pays du G5 Sahel a un bataillon déployé dans une zone. Le Tchad a un bataillon à Wour, entre la frontière Tchad-Niger. Lors du sommet de Niamey, le chef de l'État a donné son accord pour le déploiement d'un bataillon supplémentaire dans la zone des trois frontières », avait d’ailleurs rappelé le ministre tchadien à l’issue de la réunion du jeudi dernier, avant de souligner que « le bataillon était prêt, équipé. Il était arrivé à Niger lorsque les problèmes du Lac ont surgit ». Selon les explications du général Mahamat Abali Salah, « ce même bataillon est donc déployé au Lac Tchad et les problèmes du Lac Tchad ne sont pas finis. Nous leur avons dit qu'on doit d'abord juguler cette situation. Le chef de l'État également a dit que si la situation se calme et qu'on a eu l'occasion, nous pourrions éventuellement déployer un bataillon réduit ».
Le Tchad va donc continuer à concentrer ses efforts contre Boko Haram. En attendant, les armées nationales du Niger, du Burkina et du Mali vont devoir composer avec les soldats de Barkhane, qui ont intensifié depuis leurs opérations dans la zone, et ceux de la Force conjointe du G5 Sahel (FC G5 Sahel) dont on attend toujours la montée en puissance.