Ce qui se passe actuellement au Mali, le vaste mouvement de protestation populaire qui exige la démission du Président de la République malienne fraîchement élu, est le résultat d'un déficit de dialogue social franc et constructif entre les forces sociales et les pouvoirs publics.
La mauvaise gestion des biens publics, la pauvreté, la crise alimentaire, les conséquences de la pandémie COVID19, et l'insécurité, ont également exacerbé la crise .
Ce mouvement de contestations populaires, n'est pas le premier du genre en Afrique.
Nous avons en memoire , des événements pareilles qui s'étaient produits en Egypte, en Algérie, en Tunisie et ont fini par renverser les régimes, de Hosni Moubarak, de Abdelaziz Bouteflika et de Ben Ali sous le regard complice et impuissant, des grandes puissances.
Ces mouvements de protestation dénotent encore une fois, d'un manque de prise de conscience collective des politiciens démocrates et des élites africaines , dans la gestion rigoureuse du processus démocratique en Afrique , sans ingérences extérieures.
Beaucoup des pays africains, particulièrement ceux colonisés par la France, n'arrivent pas à s'émanciper de la manipulation de l' ancienne puissance coloniale, au lieu d'exercer le pouvoir politique en tenant compte des réalités socio-économiques et culturelles africaines , (le dialogue social , le dialogue politique, la concertation, la participation ,le fair-play ,la tolérance, ect ) , ils se laissent plutôt influencer dans la gestion des affaires publiques, par certaines puissances étrangères qui orientent et manipulent en fonction de leurs intérêts sordides.
En effet , l'ancien Président de la République, Mamadou Tandja a été victime de ces genres de manoeuvres, il était prêt à quitter le pouvoir à la fin de son brillant mandat lorsque des manoeuvres sournoises ont été entreprises afin de l'amener à une rallonge de trois ans. De manière sournoise, des forces obscures ont été manipulées et mises à contribution pour renverser son régime en plein midi , en réalité c'était pour prendre leur revanche face à son entêtement à réaliser la raffinerie de pétrole de SORAZ et à exiger entre autres, que notre uranium soit acheté à des prix justes et équitables et que notre législation fiscale sur l'uranium soit appliquée et respectée . Il avait réussi à mettre l'économie nigérienne sur les rails en tenant tête à certaines puissances néo-imperialistes.
Les grandes puissances néo-imperialistes ne lui pardonnent pas aussi sa grande rencontre avec le Guide Mouammar Khadafi et Hugo Chavez , en vue de trouver un prix de vente préférentiel du pétrole au profit des pays africains dans le but de les aider à amorcer le développement économique et social.
Là où ils ont échoué, ils n'ont pas pu tuer physiquement le Président Mamadou Tandja et les idées nationalistes, patriotiques de Mamadou Tandja dans l'esprit de certains leaders politiques nigériens. Il aura toujours des porteurs d'idées nationalistes et patriotiques d'un Mamadou Tandja, d'un Seyni Kounché, d'un Diori Hamani , d'un Djibo Bakary, d'un Kwame N'krumah, d' un Barré Ibrahim Mainassara, au Niger.
Certaines anciennes puissances colonisatrices se croient en droit de manœuvrer pour imposer à certains pays africains des dirigeants qu'ils manipulent à leur guise , à travers des mascarades d' élections dites démocratiques, transparentes et justes , cautionnées malheureusement par certaines organisations internationales, sensées surveiller la transparence et la régularité des scrutins .
Les heureux élus quand ils arrivent au pouvoir, oublient leurs promesses électorales, au lieu d'aller à la rencontre de la volonté populaire dans l'exercice du pouvoir ou d'honorer les engagements électoraux , ils s'adonnent à des opérations de charmes en vue de plaire aux puissances étrangères, au détriment des intérêts généraux des peuples souverains qui les ont portés au pouvoir. C'est ce qui explique entre autres les révolutions populaires qui réclament le changement des régimes avant la fin des mandats, en Afrique.
Dans les années 1990 / 1991 , des conférences nationales souveraines ont été organisées pour sauver les pays africains des crises socio-économiques et sociales dans lesquelles les programmes d'ajustement structurels de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, les ont plongés, malheureusement les grandes puissances étrangères ont manipulé, récupérer et détourner les grandes orientations des conférences nationales souveraines à leur profit.
En matière de développement économique et social, il reste encore beaucoup à faire malgré les tenues des conférences nationales souveraines en Afrique.
Les puissances néo-imperialistes et néo-colonialistes s'adaptent toujours aux revendications populaires, s'arrangent à les organiser et à les manipuler pour en tirer profit .
C'est un cercle vicieux à double tranchant , il faudrait que les leaders d'opinion animés de bonne volonté et de courage, soient vigilants dans les luttes démocratiques . Des leçons des luttes précédentes doivent être tirées.
Au Mali , il semblerait que le syndicat de la police nationale a rejoint le mouvement, quatre membres de la cour constitutionnelle ont rendu leur démission .
Le mouvement de protestation pour obtenir la démission du Président malien Ibrahim Boubacar Keita, élu démocratiquement ne fait que s'intensifier. C'est en pareilles circonstances qu'avaient pris forme les mouvements des revendications des tenues des conférences nationales souveraines en Afrique.
Cette situation regrettable, aurait dûe être évitée si un consensus national acceptable par tous, à travers un dialogue franc et constructif entre les forces sociales maliennes, avait été obtenu avant l'organisation des élections générales qui sont aujourd'hui contestées.
Les organismes sous-régionaux, la CEDEAO, l'UEMOA, en particulier, et les institutions internationales, l'Union Africaine, (UA), l'Organisation des Nations Unies, (ONU ), en général, malgré la présence de leurs observateurs à l'occasion des élections générales, ne réagissent pas efficacement
face aux cas des irrégularités et des fraudes constatées et dénoncées par les différents observateurs , qu'ils ont pourtant mandatés.
Quand les grandes puissances trouvent leur compte à travers l'élection d'un leader politique africain, même s'il ya des irrégularités criardes constatées, dans la proclamation des résultats électoraux, les organisations internationales sensées être neutres, garantes des élections générales consensuelles, libres , transparentes et démocratiques ne disent rien.
Elles se contentent seulement de prendre acte des dites élections .
Quand des grognes populaires sont en gestation, au lieu d'anticiper les événements pour éviter les conflits pré électoraux ou post-électoraux , ces organisations internationales ne prennent aucune initiative pour prévenir les dits conflits , elles interviennent chaque fois en retard , c'est encore le cas au Mali.
En Côte d'ivoire, l'armée française a capturé le Président ivoirien démocratiquement élu, Laurent Gbagbo et son ministre , Charles Blé Goudé , pour les emprisonner à la Haye, parce que tout simplement ces derniers privilégient les intérêts supérieurs du peuple souverain ivoirien dans la gestion du pouvoir public.
Aucune organisation internationale n'a protesté face à ce déni de démocratie, cependant en France , il faudrait le noter , certains partis politiques et ONG, continuent à dénoncer cet état de fait et à soutenir Laurent Gbagbo et ses partisans emprisonnés.
Au Burkina Faso, Blaise Campaoré avait été utilisé pour neutraliser le nationaliste, le patriote , Thomas Sankara, lorsque leurs intérêts sordides ont vacillé et se retrouvaient menacés , les néo-imperialistes et les néocolonialistes , n'avaient pas hésité à soustraire Blaise Campaoré de la vindicte populaire pour l'exiller en Côte d'ivoire et s'accommoder de la révolution.
La situation de tension sociale actuelle au Mali procède des manœuvres sousterraines de certaines puissances neo- impérialistes et néo-colonialistes à vouloir déstabiliser la sous-region du Sahel à des fins des intérêts géostratégiques et géopolitiques.
Aux organismes sous-regionaux africains, de mettre des mécanismes de gestion des conflits plus efficaces. Il faudrait pas se contenter de la version unilatérale des tenants du pouvoir, des observateurs indépendants sont nécessaires dans chaque pays afin de donner des alertes au moment opportun, ce qui éviterait des surprises regrettables de genres de celles qui se passent au Mali.
La situation de tension sociale au Mali risquerait de faire tâche d'huile si les mécanismes de gestion des conflits sociaux n'arrivent plus à imposer des dialogues sociaux francs et constructifs aux Etats africains en général et à ceux de la CEDEAO en particulier.
L'Afrique doit chercher à gagner et à progresser dans la conduite du processus démocratique, les faux-fuyants, la démocratie au rabais, sont contreproductifs.