Le gouvernement nigérien a décidé de sévir contre les dépenses ostentatoires lors des événements sociaux notamment les mariages, baptêmes et décès. Pour l’heure, les autorités comptent miser sur la sensibilisation en attendant les conclusions d’un prochain Forum national sur la question.
Cette fois sera-et-elle la bonne ? La décision du gouvernement, annoncée suite au conseil des ministres du vendredi 26 juin 2020, de mettre fin aux dépenses ostentatoires lors des évènements sociaux est, en effet, un sujet et une équation complexe à résoudre qui ne datent pas d’aujourd’hui au Niger. Bien que publiquement les gaspillages lors de certaines cérémonies de mariage, de baptême ou même de décès, sont régulièrement critiqués, le phénomène n’a cessé de prendre de l’ampleur d’année en année. C’est d’ailleurs ce qu’a reconnu le gouvernement dans le communiqué publié à l’issue du Conseil.
« Au Niger, certains événements sociaux tels que le mariage, le baptême et le décès donnent lieu à des dépenses qui ont tendance à connaître une inflation en parfaite contradiction avec le pouvoir d’achat et les revenus réels des ménages. Or, l’un des crédos de la Renaissance culturelle prônée par le Président de la République vise à mettre fin à cette irrationalité ambiante afin de créer les conditions favorisant la promotion d’une culture de sobriété, condition sine qua non pour la lutte contre le gaspillage et ce, en vue de renforcer les bases d’une mentalité propice à l’investissement ».
Selon le gouvernement, un Comité technique chargé de réfléchir sur les dépenses ostentatoires à l’occasion des évènements sociaux a été créé. « Les solutions proposées par ce comité portent sur l'organisation d'une large campagne de sensibilisation qui vise une prise de conscience populaire relative aux dépenses inutiles engagées à l’occasion desdits évènements », a indiqué le gouvernement qui a précisé que ces actions de sensibilisation se feront à travers les médias, les chefs traditionnels, les leaders religieux, les acteurs culturels et les organisations des femmes et des jeunes. En outre, poursuit la même source, « le gouvernement va très bientôt organiser un forum national qui se penchera sur ces pratiques mais aussi sur toutes les autres questions soulevées dans le Programme de la Renaissance Culturelle adopté le 15 février 2019. Les recommandations issues du forum seront minutieusement examinées par le gouvernement en vue de remédier à ces pratiques ».
Un phénomène à la peau dure
Ce n’est pas la première fois que les autorités décident de prendre des initiatives visant à limiter les dépenses ostentatoires et autres gaspillages lors des célébrations d’évènements sociaux. A Goudel, dans la région de Niamey, ainsi qu’à Zinder ou à Agadez, les autorités coutumières ont par exemple déjà pris des décisions visant à encadrer la dot et les « dépenses inutiles » lors des mariages. Avec un relatif succès car ce ne sont pas toutes les célébrations qui sont connues des autorités. Par le passé également, au temps du premier régime d’exception, l’ancien chef de l’Etat Kountché a fait recours à la manière forte pour mettre fin à ce fléau qui est aujourd’hui érigé en véritable fait socioculturel surtout dans les grandes villes du pays.
Cette fois encore, le gouvernement revient à la charge. Il va falloir certes attendre le Forum national prévu à cette pour apprécier les mesures qui seront mises en œuvre, mais il est importe de relever que ce ne sont pas seulement les évènements sociaux qui donnent lieu à de telles dépenses ostentatoires. Les manifestations politiques, surtout lors des campagnes électorales, servent aussi d’occasion pour ces pratiques qui frisent l’irrationnel dans un pays classé dernier de la planète en matière d’Indice de développement humain (IDH). Le bon exemple, dit-on, vient d’en haut…