Les réseaux sociaux ont largement relayé les images apocalyptiques des inondations déplorées, la semaine dernière à Abidjan (Côte d’Ivoire) où, suite à des fortes précipitations, des gigantesques vagues d’eau de ruissèlement ont déferlé sur plusieurs quartiers de la ville, faisant des morts, des milliers de sinistrés et d’importants dégâts matériels. Ces images chaotiques de la capitale économique ivoirienne plongée dans la flotte, avec des maisons effondrées et des véhicules emportés, ne sauraient nous laisser indifférents. D’abord parce que les sinistrés sont nos frères africains, mais aussi parce que nous savons que les causes ayant conduit à cette catastrophe sont les mêmes que dans presque toutes nos villes africaines où chaque saison des pluies apporte son cortège de désolation liée aux inondations. Surtout nous savons que, comme le recommande un proverbe africain, ‘’quand la barbe de ton voisin prend feu, mouille la tienne’’
Voilà pourquoi l’onde de choc de ces inondations à Abidjan a été fortement ressentie jusqu’à Niamey où la crainte s’installe dans le cœur des habitants de certains quartiers, dès que s’annonce la saison d’hivernage. Ces derniers vivent constamment sur le qui-vive à l’idée d’avoir à revivre le calvaire des inondations et des mares stagnantes qui entravent la circulation. Une crainte justifiée par les insuffisances en matière d’infrastructures d’assainissement qu’accuse la ville de Niamey. Ce qui fait qu’après chaque forte pluie, des zones inondables deviennent invivables, tandis que dans le reste de la capitale la plupart des rues secondaires, voire principales, baignent dans les eaux. De ce fait, pour aller d’un point à l’autre de la ville en automobile ou à moto, il faut savoir tracer son ‘’plan de vol’’ dès au départ, afin d’éviter les pièges et autres points d’impasse.
Dans les quartiers périphériques non (ou mal) lotis, il faut savoir contourner les ‘’lacs’’ ou se résoudre à patauger dans la boue. Un véritable spectacle de patinage artistique dans la fange, qui prend souvent la tournure d’une rude épreuve glissade périlleuse. Même les piétons n’en sont pas épargnés. Pour eux, c’est la marche du canard boiteux : un pas, un autre, une valse, puis la chute en demi-flip.
Devant cette réalité criarde, et au regard des prévisions faites par les experts du PRSEASS-2020 annonçant que « des quantités de pluies supérieures à équivalentes aux moyennes saisonnières 1981-2010 sont attendues sur toute la bande sahélienne », les autorités compétentes doivent anticiper en mettant déjà en branle les moyens de prévention d’éventuelles catastrophes. Pour le long terme, des actions de grande envergure méritent d’être entreprises pour doter les quartiers à risque d’infrastructures d’évacuation des eaux.
A ce titre, on peut déjà se réjouir du démarrage, très bientôt, de la phase pilote d’un vaste programme d’assainissement et de réalisation d’ouvrages en vue de redonner espoir aux habitants de certaines zones inondables de la capitale.