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Mahamadou Issoufou sur la crise au Mali : « le départ du président IBK est une ligne rouge à ne pas franchir pour la Cédéao »

Publié le samedi 25 juillet 2020  |  actuniger.com
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© Présidence par DR
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, a quitté Niamey ce jeudi matin, 23 juillet 2020, à destination de Bamako, au Mali, où il effectuera une visite de travail et d’amitié.
Le Chef de l’Etat est accompagné, de M. Kalla Ankouraou, Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur et de Mme Ousseini Hadizatou Yacouba, Directrice de Cabinet Adjointe du Président de la République.
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La mission des 5 Chefs d’Etat de la Cédéao au Mali pour une sortie de crise s’est achevée le jeudi 23 juillet 2020 sans qu’aucune décision majeure ne soit annoncée. Un sommet extraordinaire est prévu par vidéoconférence le lundi prochain pour décider des mesures à prendre mais d’ores et déjà, la Cédeao exclut tout départ du président IBK, « une ligne rouge à ne pas franchir » selon le président Issoufou Mahamadou, président en exercice de l’organisation.

En attendant les mesures que les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, qui vont se réunir en Sommet extraordinaire sur le Mali le lundi 23 juillet prochain, on connait déjà la position de l’organisation régionale. La démission du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) que réclame l’opposition, réunie au sein du M5-RFP, est « une ligne rouge à ne pas franchir pour la Cédéao », a fait savoir le président nigérien Issoufou Mahamadou, président en exercice de l’organisation à la fin de la mission de médiation. Le Chef de l’Etat a tenu à rappeler que « le Président KEITA a été élu démocratiquement par le peuple Malien », et le Protocole additionnel sur la Démocratie et la bonne gouvernance, qui interdit toute accession au pouvoir par des voies non-constitutionnelles. « Nous sommes optimistes et nous nous réjouissons de constater que tous les acteurs sont soucieux de la nécessité de trouver une solution rapide et définitive à la situation qui prévaut dans le pays », a ajouté le président Issoufou qui a plaidé pour la poursuite du dialogue a indiqué « qu’un compromis est toujours possible », avant d’annoncer « des mesures fortes pour accompagner le Mali » lors du sommet du lundi prochain.

Le président sénégalais a également confirmé la position de la Cédéao. « Les chefs d’États ne sont pas au Mali pour négocier la démission du président IBK. On ne peut pas négocier sa démission », a indiqué aux médias Macky Sall, qui a précisé que la mission des chefs d’Etat « n’est pas au Mali pour imposer une voie ». « Nous ne sommes pas des dictateurs ! », a jugé utile de préciser le chef de l’Etat sénégalais, membre de la délégation des Chefs d’Etat de la Cédéao.

Cette position de la Cédéao a déjà été exprimée dans les recommandations formulées par la mission de l’Envoyé spécial de la Cédéao pour le Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, à l’issue de la médiation qu’il a conduite la semaine passée. Lors de la rencontre avec les dirigeants de l’organisation régionale de Bamako, les principaux leaders de l’opposition opposée au régime d’IBK ont pourtant réaffirmé leurs exigences avec en priorité, le départ du chef de l’Etat malien. L’influent leader religieux, l’Imam Mahmoud Dicko, a d’ailleurs avertit que « Ce que la Cédéao veut imposer au Mali ne passera pas » ! Il a invité les dirigeants de l’organisation à « choisir le Mali et non IBK ».

« Syndicat des chefs d’Etat »

A l’heure actuelle, et même si le président Issoufou Mahamadou a refusé de reconnaitre l’impasse dans laquelle se trouve la médiation, on voit mal comment sortir de cette crise qui secoue le Mali depuis juin dernier. Les contestataires n’entendent pas revenir sur leur principale exigence, le départ du président et l’instauration d’une transition politique, au risque de se voir traiter de « traitres ». « Je préfère mourir martyr que de mourir traître », avait d’ailleurs déclaré l’Imam Mahmoud Dicko à la presse au sortir de ses échanges avec la délégation. De son coté, la Cédéao est prise entre le marteau et l’enclume car elle ne peut accéder à cette requête qui constitue le nœud de la crise politique, au risque de violer ses propres textes.

Le soutien au président contesté fait passer les dirigeants de la Cédéao comme « un syndicat de chefs d’Etat » qui met les intérêts de ses membres au devant de celui des peuples. Une opinion largement partagée au Mali comme dans les autres pays de la région où la situation malienne est suivie de très près.

Encore une fois, les chefs d’Etat de la Cédéao sont en train de mettre en jeu la crédibilité et la légitimité de l’organisation dans cette crise malienne d’autant que d’autres crises sont en train de se pointer à l’horizon notamment en Guinée et dans une moindre mesure en Côte d’ivoire et au Niger où des élections à hauts risques sont prévues d’ici la fin de l’année. Par le passé, les dirigeants de l’organisation d’intégration régionale ont été déjà critiqués sur leurs prises de positions dans des crises précédentes comme c’est le cas au Burkina lors du bref coup de force contre la les autorités de la transition post-insurrectionnelle de septembre 2015 et tout récemment au Togo.

Comme les médiateurs régionaux n’ont eu de cesse de le répéter, leurs missions de bons offices ne visent qu’à « accompagner le peuple malien à trouver une solution à la crise par le dialogue ». A Bamako, ils ont largement entendu toutes les parties et le dialogue est visiblement en train d’atteindre ses limites. La Cédéao optera-t-elle pour la manière forte pour imposer un compromis presque impossible au vu des positions tranchées pour sauver le président IBK? Quel sera alors la réaction des opposants qui ont suspendu pour le moment, leur appel à la désobéissance civile mais qui ont promis de reprendre leur mouvement après l’Aid el Kébir ? La réponse lundi 23 juillet 2020 à l’issue du Sommet extraordinaire qui aura comme principal enjeu de ne pas amplifier cette crise politique qui s’ajoute à la crise sécuritaire qui affectent le Mali depuis des années, ce qui risquerait de précipiter la déstabilisation du pays.
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