Onze artistes africains, dont Coumba Gawlo, Fatoumata Diawara et Sidiki Diabaté, signent la chanson Le cri du silence, pour faire porter leurs voix contre les violences faites aux femmes et aux filles, qui menacent d’augmenter pendant la pandémie Covid-19.
Dénommée Le cri du silence et mise en musique par la diva sénégalaise Coumba Gawlo, une nouvelle chanson portant des messages contre les violences faites aux filles et aux femmes a été lancée le 22 juillet. L’on y retrouve la Malienne Fatoumata Diawara, ainsi que bien des voix célèbres dans leurs pays respectifs, de Mouna Mint Dendeni en Mauritanie à Sidiki Diabaté au Mali, en passant par Mounira Mitchala au Tchad, qui chantent dans leurs langues nationales.
Ce titre, une belle initiative assortie d’un clip, s’inscrit dans le cadre d’une campagne de sensibilisation baptisée #StrongerTogether ("Plus forts ensemble"), lancée par le programme Autonomisation des femmes au Sahel et dividende démographique (SWEDD), financé par la Banque mondiale et coordonné par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS).
L’objectif est de faire passer des messages simples et forts, pour ne pas perdre les acquis obtenus par le SWEDD ces quatre dernières années, en matière de scolarisation des filles, de violences domestiques et des pratiques néfastes, en recrudescence avec la crise Covid-19.
Contre la recrudescence des pratiques néfastes
Le pourcentage de grossesses précoces, en augmentation en Afrique en raison de la pandémie Covid-19, atteint en effet des niveaux déjà difficilement acceptables en temps normal au Niger (40 %), au Mali (38 %) et au Tchad (36 %). Derrière les chiffres, anonymes, se cachent des drames humains qui sont aussi liés à la faible utilisation par les adolescents de ces pays (de 6 % à 8 %) des méthodes de contraception modernes.
Par ailleurs, un tiers des femmes au Niger, au Tchad et en Mauritanie sont mariées à l’âge de 15 ans. Dans ces trois pays, le taux de femmes ayant terminé le cycle d’enseignement secondaire va de 8 % à moins de 15 %, contre une moyenne qui ne dépasse pas 17 % à 21 % dans les autres pays du Sahel. L’impact est direct sur l’éducation, avec l’abandon des études.
Or, l’enjeu reste fondamental. Plus les filles seront éduquées, moins elles auront d’enfants, et plus de chances l’Afrique aura de capter le "dividende" démographique. En clair, une baisse concomitante des taux de natalité et de mortalité, qui devrait stimuler un essor économique sans précédent. Le tout, avec la participation qui se trouve déjà très importante des femmes sur le marché du travail, mais à des postes qui seront déterminants.
Tirant les leçons du virus Ebola, pandémie durant laquelle des femmes enceintes ont évité de fréquenter les postes de santé par peur d’être infectées, la campagne informe sur les risques encourus si elles ne consultent pas les sages-femmes. "De pandémie en pandémie, nous sommes sortis plus forts", entonne le refrain résolument optimiste d’une chanson qui sera largement diffusée dans le Sahel, en Afrique de l’Ouest et au-delà.
Elle contribue à briser la loi du silence sur des questions qui relèvent à la fois de préoccupations quotidiennes et de sujets tabous. L’un des messages de Stronger Together est lancé aux premiers concernés : "Nous, parents, ne devons plus nous taire face aux injustices".