Nous vivons en enfer ! Eh oui, notre ère s’apparente à un enfer qui n’a rien à envier à celui que décrivent les livres religieux. En effet, pour la plupart, les signes annonciateurs du légendaire enfer seraient déjà dépassés ; on a comme l’impression que les affres inhérentes à l’enfer sont déjà présentes, elles aussi, avec beaucoup plus de rigueur que ce qui est décrit.
Où se trouverait alors le paradis promis ? Je ne saurais le dire avec exactitude ; cependant, il est difficile de réfuter l’idée notre monde s’apparente à un enfer sans précédent. Dégringolade des moeurs ; fléau du siècle, nous vivons la sommité des dépravations en tout genre et il serait difficile que le monde en produise de plus répugnants. Non, ce qui se passe aujourd’hui relève tout simplement du satanique, du démoniaque. Saddi vit dans un quartier périphérique de Niamey. Il vit seul avec ses cinq enfants après avoir divorcé d’avec leurs mères : Fanta la première qui a trois enfants et Chatou la deuxième qui n’en avait que deux.
Le premier enfant est une fille de 22 ans Fadima qui n’a pas encore contracté mariage. Ce n’est pas que Fadima soit en panne de prétendant mais tout simplement parce que son méchant de père n’a pas encore trouvé parmi les nombreux prétendants sur qui jeter son dévolu. En effet, plusieurs jeunes hommes se sont manifestés mais Saddi a toujours refusé de leur accorder la main de sa fille. Pourtant, Fadima ne va plus à l’école depuis trois ans quand elle a été renvoyée de la classe de 4ème. Avec un tel niveau, Fadima ne pouvait trouver aucun travail ; aussi est-elle restée la ménagère de la famille.
Elle prépare à manger aux membres de la famille en même temps qu’elle s’occupe d’encadrer ses jeunes frères ; tous sauf le premier enfant de la coépouse de sa mère, son demi-frère Hamada. Ce dernier a 19 ans et il continue à aller à l’école. Pour cette année, il est en terminale et se prépare à passer son bac. Hamada est un enfant effronté qui n’a jamais pardonné à son père le fait d’avoir divorcé d’avec sa mère. L’année qui a suivi le divorce, Saddi a même tenté de se remarier. Les choses étaient au point d’être finalisée quand une nuit, Saddi avait réveillé son père pour lui faire savoir qu’il n’acceptera jamais qu’une autre femme prenne la place de sa mère ; autrement, si son père voulait se remarier, il n’avait qu’à trouver un autre toit où il vivrait avec sa nouvelle femme.
Saddi avait annulé son projet de remariage. Avec les autres enfants de la famille, Hamada avait une conduite rigoureuse. Il était le lion de la famille, celui qui ramenait à l’ordre tout effronté. Dans le quartier, à l’école, personne n’osait se moquer de Hamada. Il n’avait pas d’amis mais il se faisait respecter par tout son entourage. Personne ne pouvait expliquer le caractère méchant du jeune garçon. Il était hermétique à tout dialogue, à toute tentative de conversation. Avec les jeunes filles, Hamada était encore beaucoup plus fermé. Celles qui ont osé l’approcher, car Hamada avait beau visage, l’ont appris à leur dépens : deux d’entre elles ont eu la joue gonflée. Fadima la soeur de Hamada reste la seule avec qui il partage souvent des moments de causerie.
Là aussi, ça ne va jamais au-delà de deux ou trois phrases. Après, il se renfrogne dans son mutisme. Pourtant, ce matin, Hamada semblait de bonne humeur. Il avait même aidé sa soeur à habiller leurs jeunes frères avant de les accompagner à l’école. Quand il revient à la maison, Fadima s’inquiète : « Tu ne vas pas à l’école ? ». Hamada ne lui dit rien, renouant avec sa mine renfrognée. Il regagne sa chambre et invite sa soeur à le suivre. Une fois dans la chambre, il se déshabille et oblige sa soeur à en faire autant. Elle voulait hésiter mais avec un regard menaçant appuyé par un couteau qu’il tient à la main, Hamada la dissuade. Fadima est bientôt toute nue face à son frère. Il lui demande de se coucher sur le lit. Elle s’exécute en tremblotant. Hamada lui dit :
« Je vais faire avec toi ce que tu fais avec papa ». Entre des sanglots, Fadima bredouille : « ce n’est pas ma faute, c’est lui qui m’oblige… ». Paf ! Hamada lui envoie une terrible gifle avant de sauter sur elle. Acte accompli. Chers lecteurs, toute cette histoire ne se serait pas sue si Fadima n’était pas tombée enceinte. Après l’homicide orchestré sur le bébé qu’elle a eu, elle a été conduite à la gendarmerie. Là, elle a dénoncé son frère qui était présumé l’auteur de sa grossesse. Et lui le frère, il a dénoncé son père qu’il aurait surpris à plusieurs reprises avec sa soeur. Voilà pourquoi elle a tué l’enfant parce qu’elle ne savait quel statut il aurait. Après ça, dites- moi s’il reste encore quelque chose à vivre l’enfer.