Le scandale de la route de l’Uranium ou RTA (Route Tahoua-Arlit) n’a pas encore fini de faire parler les Nigériens. Pour cause, depuis des années, le gouvernement d’Issoufou Mahamadou n’est pas parvenu à reconstruire cette route stratégique pour l’économie du Niger. Pourtant, ce ne sont pas les ressources qui ont fait défaut. Depuis plus de neuf ans, ce sont des milliers de milliards qui ont été engrangés par le Niger, soit par don, soit par prêt, mais que l’on sache où sont passés ces sommes colossales. L’évaluation sommaire des montants à destination inconnue prouve que le Niger aurait pu financer sur fonds propres la reconstruction de cette route, longue de 420 kilomètres. 420 kilomètres qu’il faut mettre pas moins de 11 heures d’horloge à parcourir. Mieux, l’Etat a bénéficié de l’appui de partenaires de premier plan à l’exemple d’Areva (actuelle Orano), le géant du nucléaire français qui exploite, depuis des décennies, l’uranium nigérien.
C’est un montant total de 59 036 000 000 FCFA, qui est dévolu à ce projet de reconstruction de la route TahouaArlit sur quatre ans.
En novembre 2014, ce sont plus de 14 milliards de francs CFA, exactement 14 759 000 000 FCFA, que la société française (Orano) a annoncé avoir mis à la disposition de l’Etat du Niger pour la reprise de la route de l’uranium. Cette allocation financière d’Areva à l’époque s’inscrit dans le cadre l’accord de partenariat stratégique conclu le 26 mai 2014. Selon le communiqué d’Areva, c’est un montant total de 59 036 000 000 FCFA, qui est dévolu à ce projet de reconstruction de la route Tahoua-Arlit sur quatre ans. Six ans plus tard, les usagers de cette route continuent de baver, avec le risque quotidien de perdre la vie dans des accidents causés par l’état de la piste accidentée que les transporteurs et autres voyageurs sont obligés de subir. Une route dont toute trace a littéralement disparu, laissant place à d’innombrables pistes, les unes plus dangereuses que les autres, forgées par la force.
Pourquoi les travaux peinent-ils à se poursuivre suivant le rythme convenu ?
Le directeur régional de l’Equipement d’Agadez, Chaïbou Adamou, avait à l’époque déclaré que « la reprise totale de la route Tahoua-Arlit n’est plus qu’une question de temps puisque le financement est déjà acquis, l’appel d’offres lancé, deux entreprises retenues pour l’exécution des travaux et le bureau de contrôle désigné ». Ses propos sont-ils une simple profession de foi ? Ils seront en tout cas corroborés par le Premier ministre, Brigi Rafini, qui, au lendemain du lancement officiel de la fête tournante du 18 décembre de Zinder, a déclaré que « nous allons faire la pression et le suivi qu’il faut pour que ce tronçon soit réalisé dans les délais et surtout dans les normes requises du moment où le financement est disponible ». Pourquoi y a-t-il alors ce couac avec l’entreprise béninoise SIGMA2 ? Pourquoi les travaux peinent-ils à se poursuivre suivant le rythme convenu ?
Si la perspective d’un autre contentieux inquiète les Nigériens, ils s’interrogent surtout sur la destination que les fonds mis à disposition pour la reconstruction de la route de l’uranium ont pu prendre.
Personne, au Niger, à l’exception de quelques personnalités, ne sait où sont passés ces fonds mis à la disposition du Niger. Si le 11 mars 2020, Brigi Rafini, à l’issue d’une audience qu’il a accordée au directeur général d’Orano, a félicité son interlocuteur qui a indiqué que les travaux de la route de l’uranium avancent bien, il reste que le retard accusé est déjà assez important. Le contentieux naissant entre l’Etat du Niger et SIGMA2 tend d’ailleurs à se corser, l’entreprise béninoise, que l’on dit démunie matériellement pour exécuter les travaux, réclamant 29 149 440 096 FCFA en février 2018, déjà. Mais, si la perspective d’un autre contentieux inquiète les Nigériens, ils s’interrogent surtout sur la destination que les fonds mis à disposition pour la reconstruction de la route de l’uranium ont pu prendre. Brigi Rafini, le chef du gouvernement, qui a fait de la reprise de cette route, son cheval de bataille, est resté sans voix, peut-être interloqué par le sort réservé à ces fonds. Quant au ministère de l’Equipement, c’est l’omerta totale.