Au sortir de la Conférence Nationale Souveraine qui a suscité beaucoup d’espoir, le peuple nigérien s’est résolument engagé à consolider les principes de l’Etat de droit, la défense de l’intégrité du territoire et de la souveraineté nationale. Cet engagement était conforme aux aspirations les plus profondes du peuple nigérien à la liberté, l’égalité, la justice, la sécurité, et la dignité des citoyens.
Toutes ces aspirations humanistes se fondaient aussi sur l’ambition de promouvoir le développement socio-économique et l’épanouissement culturel de tous.
Une constitution garantissant la jouissance de tous ces droits à travers un service public de qualité et l’exercice des droits collectifs et individuels fut adoptée.
Mais aujourd'hui, trente (30) ans après, force est de constater que notre bien commun, la République, est en danger parce que menacée d’expropriation par une poignée de personnes qui veulent en faire leur propriété privée.
En effet, dans le régime de Mahamadou Issoufou, en lieu et place de la bonne gouvernance adossée aux valeurs fondamentales de la République, se sont développées des pratiques malsaines de gouvernement caractérisées par : le clientélisme, l’exclusion, l’intolérance, l’arbitraire, l’impunité, l’injustice, la corruption, la concussion, le népotisme, la dérive autoritaire, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le clanisme et le culte de la personnalité. Ces méthodes pernicieuses de gestion ont porté atteinte à la souveraineté nationale, et ont abouti à l’instauration d’une dictature personnelle entièrement au service d’une économie criminelle et de prédation, et la propension à privilégier les intérêts extérieurs au détriment de l’intérêt national.
L’institution d’un tel système de gouvernance au mépris des dispositions de la Constitution a induit :
la caporalisation de toutes les institutions de la République dans la logique de la concentration des pouvoirs d’Etat dans leur ensemble entre les mains du seul maitre du régime ;
l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire ;
le privilège de l’impunité pour les suppôts du régime ainsi que l’enrichissement illicite et massif de ses soutiens ;
la prison et/ou les harcèlements policiers et administratifs quotidiens pour les esprits indépendants;
l’insécurité jamais égalée sur l’ensemble du territoire national avec conséquemment les tragédies quotidiennes que vivent les populations dans l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud du pays en raison des agressions mortelles des bandes armées. A ces agressions criminelles des bandes armées, il faut ajouter l’indifférence traumatisante pour les populations de l’absence de réaction des autorités même lorsqu’elles sont prévenues de l’imminence d’attaques par ces bandes armées. Ces agressions ont cours malgré la présence de Forces Armées étrangères dont le niveau d’équipement aurait pu être d’un apport décisif dans la lutte contre l’insécurité ; ce qui, malheureusement, n’est pas le cas. Les résultats mitigés dans le sécurisation des personnes et des biens, très loin des attentes des populations, et l’extension des activités criminelles, font naitre au sein de l’opinion un sentiment général de complicité.
la mise en œuvre d’une politique de paupérisation des nigériens par l’installation d’un système de corruption favorable à l’achat des consciences ;
la multiplication des détournements dans la gestion des ressources financières et naturelles du pays, la corruption et l’impunité qui lui sont associées. A cet égard il faut souligner le scandale au Ministère de la Défense Nationale, le plus grave connu à ce jour y compris à l’international. Sans aucune considération de l’émoi général suscité par ce scandale, le pouvoir s’efforce de l’étouffer afin de se protéger, lui et les malandrins à son service.
Par ailleurs, nul n’ignore au Niger la montée en puissance des narcotrafiquants qui ont fait main basse sur des pans entiers de l’économie nationale, enserrant dans les tentacules de leur système mafieux, pratiquement tous les rouages de l’appareil de l’Etat. Certains barons de cette activité criminelle ont leur entrée jusqu’au sommet de l’Etat.
Non content de mettre les institutions au service de l’économie criminelle, le régime s’est encore arrogé le droit de régenter à son gré les libertés fondamentales des citoyens. Ainsi en est-il des libertés syndicales, d’opinion, de manifestation, de communication, de presse et d’accès équitable aux médias d’Etat.
Finalement et pour se résumer, cette gouvernance chaotique a conduit, sur fond de grande corruption dans la réalisation des investissements et autres actions, à la dégradation des services sociaux de base et aggravé la pauvreté dans le pays.
En effet, neuf (9) années consécutives sous le régime de Mahamadou Issoufou, notre pays le Niger, est classé dernier en IDH. Ce classement déshonorant vient d’être confirmé par une enquête diligentée en Juillet 2020 par l’UEMOA et qui a relevé que le Niger est aussi le dernier de cette union avec 75,5% de pauvres.
Face à ce sombre tableau quel avenir pour la jeunesse actuelle et les générations futures ?
Malgré cet échec retentissant, le régime de Mahamadou Issoufou s’évertue à créer les conditions de son maintien aux commandes de l’Etat. Pour ce faire, il compte sur un code électoral, une CENI et une cour constitutionnelle taillés sur mesure. Toute chose qui rendrait toute alternance politique impossible.
Au vu de tout ce qui précède, les nigériens ont l’obligation de mettre un terme à cette descente aux enfers.
C’est pourquoi,
Nous, partis politiques, syndicats, associations et personnalités indépendantes,
profondément préoccupés par la préservation et la consolidation de l’indépendance et de la souveraineté de notre pays ;
attachés à l’unité et à la cohésion du peuple souverain ;
résolus à contribuer à un retour rapide à la cohésion sociale et à la paix ; déterminés à restaurer, promouvoir et défendre les valeurs de la
République et de la démocratie ;
soucieux de promouvoir le développement socio-économique et culturel de notre pays, le Niger ;
décidés et engagés à nous consacrer sans relâche à la réalisation de cet idéal républicain ; prenons date devant l’Histoire de nous constituer en Coalition Citoyenne pour la République : C. C. R - KARIAL MUTUNCIN KASSA et adoptons la plate-forme ci- dessous :
I. De la souveraineté
Nos actions visent à :
défendre la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire ;
exiger la résolution des questions sécuritaires notamment l’équipement adéquat des FDS ainsi que le renforcement de leur autonomie opérationnelle ;
exiger le respect des dispositions constitutionnelles relativement à la présence sur notre territoire de toute force étrangère, contrairement à la situation actuelle née de la seule volonté de Mahamadou Issoufou.
II. De la démocratie Défendre :
la liberté d’expression, de manifestation, de presse et d’opinion, les libertés syndicales et d’associations conformément aux dispositions de notre Constitution ;
Exiger :
l’accès équitable aux médias d’Etat ; l’adoption d’une loi électorale juste et équitable avec l’ensemble des acteurs nationaux ;
la tenue d’élections, démocratiques, transparentes et inclusives avec une CENI véritablement indépendante et un Juge constitutionnel impartial ;
III.De la gouvernance Exiger :
l’égalité de tous les citoyens devant la loi ;
l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs ;
un traitement judiciaire rigoureux du détournement des fonds alloués au Ministère de la Défense et de tous les crimes économiques sans omettre les cas de haute trahison ;
l’audit de toutes les Institutions et démembrements de l’Etat ;
l’application des ordonnances portant dépolitisation de l’administration ;
la transparence dans la gestion des ressources naturelles conformément aux dispositions constitutionnelles ;
l’abrogation des lois liberticides sur la cybercriminalité et l’interception des messages électroniques;
la libération de tous les détenus politiques, d’opinion et les acteurs de la société civile.
IV. Des conditions de vie et de travail Exiger :
l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs et des citoyens en général ;
l’amélioration des conditions de vie du monde rural en lui assurant une juste rémunération des produits agricoles et en lui facilitant l’accès aux intrants ;
la promotion de la justice sociale, de l’emploi des jeunes et de l’autonomisation des femmes ;
la réhabilitation de l’école publique et du système de santé publique.
Aussi lançons nous un vibrant et exaltant appel à toutes les Nigériennes et à tous les Nigériens, de l’intérieur comme de la diaspora, à se dresser comme un seul homme pour la reconquête effective de nos droits aujourd’hui confisqués.