Les syndicats du secteur de l’éducation et de la formation, réunis le mercredi 2 et jeudi 3 septembre à l’effet d’examiner la situation de l’école dans notre pays, font, en ce jour 4 septembre 2020, la déclaration dont la teneur suit :
De la situation sécuritaire :
Les syndicats de l’éducation et de la formation, tout en condamnant les exactions de la secte boko haram et des autres groupes extrémistes dans notre pays, apportent leur soutien aux forces de défense et de sécurité (FDS), qui luttent inlassablement contre lesdits groupes. Les syndicats de l’éducation et de la formation présentent leurs condoléances à la nation et aux familles éplorées. Que Dieu les accueille dans son paradis éternel. Amen.
Nous condamnons par la même occasion la mauvaise gestion et la prédation des ressources destinées à la dotation conséquente de notre vaillante armée en matériels militaires. De cette mauvaise gestion au ministère de la défense nationale, mise à nu par un rapport d’audit, nous exigeons que justice soit rendue au peuple nigérien.
De la situation socioprofessionnelle :
La situation de l’école, ces dernières années, interpelle plus d’un observateur.
En effet, au nom d’une certaine volonté de reforme, des actions ont été entreprises dans le secteur, ces actions qui se disputent le «trophée du plus néfaste» ont pour nom:
L’évaluation illégale du ministère de l’enseignement primaire qui a eu pour corollaire une dizaine de milliers d’enseignants résiliés injustement dont plusieurs sont devenus des cas sociaux avec des foyers disloqués et des enfants innocents envoyés dans le groupe de vulnérables. Cette évaluation n’a rien apporté de bon, en revanche elle a conduit les apologistes de ce massacre à des remédiations maladroitement cachées derrière des recrutement de nouveaux enseignants contractuels, recrutement d’ailleurs irréguliers et frauduleux dans certains ministères;Ø
Des réformes empilées les unes sur les autres, sans études préalables, ni évaluation; réformes qui ont eu comme conséquences le tâtonnement, la perte de références et de ressources dans la gouvernance, l’encadrement et même dans la conduite des classes. Notre système éducatif, déjà bancal, en a pris un coup dur et mémorable;Ø
La gestion de l’impact de la pandémie de la covid_19 qui n’a été que folklorique, a exposé potentiellement les enseignants, les élèves et autres acteurs de l’éducation. Ainsi, nous avons assisté à une année très bien bricolée pour le bonheur des politiciens et le malheur des bénéficiaires;Ø
Le dialogue social n’a jamais été aussi médiocre; en effet, le gouvernement a royalement ignoré tous les accords signés librement avec les syndicats de l’éducation; syndicats, avec lesquels il a rompu tout dialogue pour agir selon son bon vouloir. Ce mépris a occasionné une gestion peu désirable du système et créé un désespoir incroyable quant au relèvement de l’éducation au Niger;Ø
Tout le long de ce chapelet d’impairs dans le secteur, il y a eu remise en cause des avantages réglementaires des enseignants dont entre autres: l’arrêt brusque de recrutement sans concours d’enseignants à la fonction publique, l’arnaque perpétrée sur les pécules au niveau de Niger poste, la maltraitance des enseignants et de la profession, les coupures abusives d’indemnités et de primes, le blocage prémédité de la carrière, les programmes mal mis en œuvre, les politiques éducatives faites pour le tiroir, la gestion dubitative et tendue du personnel, la chute des acquis scolaires..., la liste noire est longue.
Après avoir tout mis à terre, c’est maintenant, le patrimoine de l’éducation qui est dans le viseur de ceux qui sont censés le protéger. En effet, la rétrocession des terrains alloués à l’éducation au profit des promoteurs privés à but lucratif a commencé pour continuer à dévorer ce qui, jadis, était considéré comme étant sanctuarisé.
Le cas de l’école Aissata Kondo de Zinder et celui de l’école Terminus de Niamey, constituent un parjure pour le système éducatif.
Pour le cas de l’école Terminus de Niamey, nous sommes étonnés de constater, au moment où au Ministère des enseignements secondaires, des lycées et collèges sont bondés avec des classes à effectifs pléthoriques, au moment où des besoins en infrastructures existent encore au ministère des enseignements techniques et professionnels, au ministère de la jeunesse et du sport, etc, que cette école, devenue presque un symbole national, soit rétrocédée à un promoteur privé. Le comble est que le ministère désistant siège à l’exigu et continue à louer des villas annexes pour loger ses différentes directions et autres démembrements.
Nous, syndicats de l’éducation et de la formation condamnons et contestons la liquidation du patrimoine de l’éducation et de la formation.
Décidons de barrer, vaille que vaille, la route à ce nouveau phénomène qui couronne la décrépitude dans laquelle descend inexorablement notre école.
C’est pourquoi, nous exigeons l’arrêt immédiat de la démolition des bâtiments de notre établissement, l’école Terminus II et sa reconstruction, nous en avons encore besoin.
Vive l’école nigérienne!
Vive l’unité syndicale!
En avant pour la défense de l’école nigérienne.
La lutte continue.