« Le ministère nigérien en charge de la Défense est au regret d’informer les populations que l’armée ne se reconnait nullement à travers les conclusions du rapport de la CNDH ». C’est en substance ce qu’on peut retenir d’un communiqué de presse du ministère de la Défense nationale publié le 11 septembre 2020.
C’est visiblement la réponse de l’armée à la Commission Nationale de Droits Humains (CNDH), qui a publié le 4 septembre 2020, le rapport d’enquêtes, de vérification et d’établissement des faits sur la disparition de 102 personnes dans la zone d’Inates. Un rapport dans lequel la CNDH a reconnu la responsabilité de certains éléments de la Force armée nigérienne dans l’exécution extrajudiciaire d’au moins 71 civils non armées, avant d’ajouter qu’il ne s’agit pas pour la commission nationale de droits humains de friser moins encore de porter atteinte au moral des troupes.
Chose remise en cause par le ministère de la Défense nationale du Niger, qui l’a fait savoir dans un communiqué. « Vu la gravité d’une telle affirmation qui au demeurant pourrait être de nature à saper le moral des troupes, discréditer leurs actions dans leurs combat contre les groupes armés terroristes, et les groupes criminels organisés », a indiqué le communiqué.
Avant la sortie de ce communiqué, le Pr Issoufou Katambe, ministre en charge de la Défense nationale, a confirmé, selon un journal de la place, que le Procureur de la République près le tribunal de grande Instance de Tillabéry, a été saisi, pour que la justice puisse faire la lumière sur cette affaire et situer les responsabilités. Une semaine après, le même Pr Issoufou Katambe se dédit, et remet en cause le rapport de la CNDH.
Pour rappel, en début avril 2020, une liste manuscrite portant les noms de cent-deux personnes arrêtées par les militaires nigériens, a été publiée par la mairie d’Inatés, département d’Ayorou, région de Tillabéri, à l’ouest du Niger près de la frontière avec le Mali. Ces personnes recherchées par leurs proches sont restées introuvables jusqu’à ce jour.