Ces derniers jours, et depuis que l’an cien militant du Moden-Fa Lumana a fait le choix du Pnds-Tarayya–toute chose dont il a le droit par ailleurs que de commentaires, que d’interventions désobligeantes que l’on peut entendre, polluant les réseaux sociaux ces jours-ci et ce de la part d’hommes qui pouvaient vite oublier leurs récentes amitiés dont ont eu raison les aléas politiques, l’intolérance et un égoïsme ruineux. En fait, on pouvait penser que l’homme ait pu comprendre qu’il n’avait plus de place dans le parti de Hama Amadou et qu’il prenait pour lui la bonne solution en allant dans le parti de son choix mais pour autant, cela pouvait-il mériter les démesures qu’on a entendues, les insanités débitées pour justifier ce que rien, raisonnablement, ne saurait défendre. «On ne peut vomir jusqu’à ses intestins », conseille un adage. Sur ce plan, on peut même entendre des militants du parti qui ont la gentillesse de lui souhaiter bon voyage pour cette migration politique lui faire quelques remontrances par rapport ce qu’il a pu dire et qui, venant d’un homme de sa trempe, pouvait effrayer et faire douter de sa sincérité. Mais sans doute qu’il aurait pu prendre conseil auprès des premiers migrants, ceux qui l’ont devancé alors que l’empire rose baignait dans le confort d’un pays que les socialistes n’avaient pas encore totalement pillé, ruiné. Peut-il entendre les rancoeurs de ces hommes et de ces femmes partis pour des récoltes devenues infructueuses sur une terre saccagée, rêvant d’un retour difficile ? Mais, bon c’est son affaire… Passons.
Par-delà les divergences grandir pour sortir de l’enfance
Partir lorsqu’on a ses raisons, n’a rien d’anormal et les uns et les autres peuvent comprendre et tolérer le choix qu’on se serait fait, quitte à assumer jusqu’au bout pour ne pas vivre des remords de ses imprudences. Issoufou Issaka n’a pas gobé que le parti le fasse remplacer par un autre à la tête du groupe parlementaire sachant même qu’il n’a pas les talents d’orateur et toute la fougue qu’il faut pour cette responsabilité politique et il en a donné les preuves. Mais lui est allé trouver des raisons trop subjectives qui ne sauraient être portées pour défendre une cause qui ruine sa réputation et cela venant de la part d’un intellectuel de son envergue. Au nom de quelle loi, lui avait alors remplacé Soumana Sanda à une place que ce dernier avait pourtant gardée avec dignité et une compétence avérée, unanimement saluée ? Tous les Nigériens avaient baissé la tête en entendant ce raisonnement saugrenu, humiliant, quelque peu puérile avancé pour exalter la pitié de ceux qui l’écoutaient en opposant artificiellement des composantes sociologiques du terroir. C’est dangereux. Peu responsable. Mais ces propos déplacés permettaient de connaitre un peu l’homme. Il est donc inutile d’entendre ce qu’on peut entendre ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Comme dirait un autre, ce n’est pas la peine. Mais si des militants déçus de la décision d’un homme dont ils ont cru au leadership, c’est qu’ils auraient aimé le voir à une certaine hauteur tant par ses actes que par ses paroles. Ils ne peuvent d’ailleurs lui en vouloir, car ceux-ci peuvent quand même comprendre qu’en quittant leur parti, sans tambour ni trompette, mieux qu’un Noma, peut-être aussi qu’il leur fait un grand bien. Le divorce, dans certains mariages qui se gâtent, est sans doute la meilleure décision. Mais il faut faire attention. La politique de la terre brûlée en politique n’est jamais la meilleure des solutions que l’on peut envisager pour traduire ses déceptions et ses colères mal maitrisées. Aussi, lorsqu’on prétend à une certaine stature, il faut savoir raison gardée, pour éviter de verser dans la délation, pataugeant dans les égouts pour faire étalage de son venin comme si le déverser sur un autre pouvait guérir d’un mal. Tout au plus, l’on se rend compte par pareil comportement qu’on est incapable d’élévation, de maîtrise de soi. Or en politique, on n’agit ni ne prend une décision dans la douleur, sous la colère au risque de le regretter très vite. On s’apaise d’abord. Soumana Sanda l’a compris. Alors qu’une vaste campagne le visait, il est resté, dans la certitude de ce qu’il faut aux côtés de Hama Amadou dans le parti, stoïque pour endurer la médisance. Aujourd’hui il s’en est sorti grandi. L’histoire lui donne raison. Son endurance et sa patience lui rendent l’estime des militants du parti. L’homme, humble et courtois, affable et généreux, sociable et capable d’écoute, a toutes les qualités d’un leader, toute la force morale d’un combattant, tout le tact d’un responsable. On peut continuer à le jalouser. Les hommes, naturellement, ont très souvent souffert des talents des autres qu’ils envient. Ainsi, dans ses confidences nuitamment faites et que les médias sociaux ont propagés, on peut comprendre l’amertume qui ravage un homme qui a à tout reprendre dans un combat, sans doute aussi, dans une carrière qui pourrait bien, hélas, se plomber aujourd’hui par ses imprudences.
Un homme douloureux…
Issoufou Issaka s’est confié à des militants du parti. Il leur avait dit tout ce qu’il avait sur le coeur. Mais il n’a pas toujours dit la vérité. Il lui fallait bricoler un discours qui tienne pour soutenir son projet de migration, sa défection qui pourrait guérir le parti d’une gangrène. Pour partir, avait-il besoin de justification ? De vouloir salir un autre ? Ses interlocuteurs, même s’ils peuvent ne pas être des ingénieurs, avaient compris la manipulation. Ils comprenaient surtout qu’ils avaient devant eux un homme désorienté, un homme qui se sait perdu car jamais, il ne pourra trouver ailleurs, la place que le Moden-Fa Lumana Africa et la commune de Téra pouvaient lui faire mais qu’il n’a pas su mériter en faisant preuve de constance et de magnanimité. Ils pouvaient alors sentir les douleurs d’un homme qui donnait l’impression d’être incompris et trahi quand, de l’autre côté, on le prenait pour celui qui trahissait car, pour ceux qui ne le savent pas, cela fait bien longtemps qu’entre lui et son parti, le courant, comme commandé par Nigelec, ne passait pas bien. Et il sait pourquoi. Dans un parti politique, comme dans toute organisation humaine, on a la place qu’on mérite par le comportement qu’on a avec les autres, par la manière de considérer un autre. Il avait parlé à beaucoup de personnes. Et de bonnes oreilles ont sans doute entendu depuis quelques temps les idées «révolutionnaires» qui l’habitaient. Peut-il se souvenir à quel point ceux qu’il vilipende aujourd’hui l’avait porté en un temps parce qu’ils voyaient en lui un homme d’une intégrité incomparable et qui exprimait à l’endroit de Hama une fidélité et une amitié à toute épreuve, et à son parti un militantisme inaliénable, inaltérable ? Si les mêmes ont changé vis-à-vis de lui, peut-être qu’il aurait pu mieux se regarder, se questionner. On n’a jamais aimé un homme pour rien. On ne l’a jamais repoussé pour rien. Mais bon, passons sur ces détails…
Pour gérer son virage, l’ancien Coordonnateur régional du Moden-Fa Lumana Africa de Tillabéri, a fait du «kamé-kamé», cherchant vainement un argumentaire somme toute trop maigre pour justifier la veulerie politique.
Un homme imprudent…
On a découvert l’immaturité politique de l’homme qui peut tomber dans un discours ordurier qui rabaisse son rang. Il peut tout dire sur Hama Amadou mais il peut s’assurer que les Nigériens en général et les militants du parti en particulier peuvent avoir la lucidité pour comprendre et distinguer dans ce qu’il dit le vrai de l’ivraie. D’ailleurs – il peut s’en réjouir – Hama ne lui répondra jamais, comme il n’a jamais répondu à Tandja Mamadou, encore moins à Seyni Oumarou, Salah Habi, ni même à Ladan Tchana jusqu’au jour où ce dernier, reconsidère sa position pour lui réitérer son amitié et sa fraternité et en homme de pardon, sans rancune, il lui ouvrait les bras, et ce faisant, reconnaissait en lui un vrai frère, un ami. La vérité est que tout homme est capable de se tromper, de se perdre souvent, de s’égarer sur les chemins. Mais sa grandeur réside en sa capacité à reconnaitre ses erreurs, souvent à faire son mea-culpa. La vie a besoin de ces noblesses, de ces magnanimités car hommes que nous sommes, imparfaits par-dessus tout, nous devons avoir cette élégance pour ne pas détruire sur des convoitises hypothétiques du présent tout un avenir. Par les propos, les justifications à l’emporte-pièce, alambiqués qu’il donnait, on avait compris qu’il est loin d’être l’homme d’Etat qu’on avait cru, car comment peut-il avoir l’imprudence de se confier à la rue, en exposant à la place publique ce qu’il prétend avoir fait ou dit avec un autre ? Peut-il savoir à quel point, par une telle maladresse impardonnable, il montrait déjà à ses nouveaux amis l’homme qu’il est, peu digne finalement de confiance pour savoir garder des secrets, notamment d’Etat, et savoir protéger des confidences ?
Mais la sortie de Issaka Issoufou aura eu le mérite de montrer à la face du monde – pardon du Niger – toute la force électorale dont il peut se prévaloir et pour laquelle, à leur grande déception aujourd’hui, les socialistes ont travaillé à le débaucher dans l’espoir qu’il puisse aider à faire basculer, par son titre pompeux de coordonnateur régional, toute une région au profit d’un candidat que son propre parti est pourtant en train de fuir. Les Lumanistes et les électeurs nigériens en général, ne peuvent plus être ce bétail électoral qu’un autre peut convoyer sur n’importe quelle destination politique : ils sont lucides et mûrs pour décider par eux-mêmes et pour leur pays. Il faut croire que le désormais ex militant de Lumana peut par lui-même faire la lecture de ce qui lui arrive ces jours-ci. Peut-on comprendre que lorsque ses audios et certaines vidéos fuitent pour faire le tour du monde pour le discréditer davantage, c’est que les hommes qu’il pensait être les siens, ne le sont pas pour autant et pouvaient se servir de ses agitations pour le révéler aux Nigériens ? Ce sont donc ceux qu’il réunissait pour leur annoncer la bonne «nouvelle» de son départ qui viennent le vendre, en diffusant ses propos, non sans s’en moquer souvent ainsi qu’on pouvait l’entendre avec certains audios de militants qui repartaient, le coeur plein d’amertume pour avoir entendu ce qu’ils ont entendu. Il était pourtant possible de s’en aller plus dignement, sans crier gare. L’homme qui partait peut donc s’assurer que les Nigériens le comprenaient. Mais ce qu’ils comprennent moins chez lui, ce sont ces propos déplacés qu’il peut tenir et qui le rendent vil. Ceux qui réagissaient à de tels propos, le faisait non parce qu’ils pouvaient regretter qu’il soit parti – ils s’y attendent de toute façon – mais parce qu’ils ne peuvent se retrouver à travers les propos qu’il a tenus car, se disent-ils, Issoufou Issaka, vaut certainement mieux que cela.
S’élever et sortir de l’enfance…
Ne revenant pas sur certains analyses d’un homme frustré qui a cru qu’en vomissant tout ce qu’il avait dans le ventre, il pouvait se guérir de son mal. Cette manière de gérer son différend avec le parti ne peut l’anoblir. Peut-il se souvenir que d’autres avant lui qui partaient, ne se sont jamais comportés ainsi. Jamais depuis qu’ils ont quitté le parti, jamais personne n’a entendu Sala Habi, ou un Mano Agali s’en prendre au parti ni même à Hama Amadou. Comme d’autres d’ailleurs qui, s’ils n’ont pas été des gouverneurs, avaient été, au titre du parti, des ministres comme lui. Ils partaient, poursuivant leur route. Conscients qu’ils ne constituent pas l’âme du parti pour s’en aller avec. Ils restaient humbles dans leur choix…souverain.
Un grand militant est parti
Le parti le dit presque sans regret : un grand militant est parti. Parce que d’abord l’homme l’a décidé seul en toute bonne conscience, sans doute pour ses intérêts et par ses calculs cartésiens aussi. Mais tout le monde s’accorde à reconnaitre qu’il a fait son choix sous un coup de tête, presque sans grand mûrissement, sous l’effet de la colère. C’est un homme libre, il a le droit. On aura compris qu’il croyait, en faisant ce choix, faire mal à un autre. Il se trompe sans doute. C’est donc un grand militant qui s’en va, un responsable politique du parti plus par le rang qu’il y a occupé que par un charisme politique ou une envergure dont il peut se targuer dans l’électorat dont il est issu. Du reste, certains militants qui partaient avant lui vers les mêmes horizons pourraient informer Bazoum et son parti sur la force politique de l’homme pour croire qu’il peut bousculer des montages dans la région vers le Pnds-Tarayya qui a fait peur à tous les Nigériens qui s’en méfient aujourd’hui, car leur socialisme les a brutalisés, les a méprisés, les a ruinés pour les exposer à la précarité. Le Moden-Fa Lumana Africa peut bien remettre à son ancien militant qui pourrait ressentir déjà la nostalgie de la belle épopée des médailles pour les moments passés avec lui-même si son revirement aura été le dénouement de cette belle aventure. Mais le parti peut bien lui souhaiter finalement : bon voyage.