Dans une conférence de presse qu’il a aminée, hier, mardi 22 septembre 2020, dans la salle de conférence d’Africa Hall de Niamey, en présence de la presse nationale et internationale. Cette Conférence de presse, qui s’est déroulée en présence de plusieurs barons du Moden Fa Lumana Africa, fait suite au 3e congrès ordinaire du parti, tenu le samedi 19 septembre, à Dosso et qui a consacré son investiture à l’élection présidentielle de 2020-2021, dont le premier tour est prévu le 27 décembre prochain. Au cours de cette conférence de presse qui a duré plus d’une heure d’horloge, le président Hama Amadou a répondu à toutes les questions posées par les journalistes. Voici, en substance, un extrait de ses réponses.
Aucune fraude, quelle que soit sa nature, ne serait tolérée. Ils ne peuvent plus voler comme en 2016, ça ne passerait pas. Et la Cour constitutionnelle et les autres ont intérêt à écouter clairement : aucune fraude ne peut amener le pouvoir actuel aux commandes du pays encore, c’est fini, ça. Au niveau de la CAP 20-21, nous travaillons ensemble pour que l’alternance politique soit une réalité. Nous sommes déterminés à gagner les élections municipales, législatives et présidentielles, car le peuple nigérien est fatigué de cette gouvernance scabreuse. C’est avec ce même peuple qui a besoin d’une alternance politique que nous comptons gagner les élections. Au cas où le pouvoir décide de frauder, ce qui s’est passé au Mali se passerait au Niger.
«Le texte fondamental sur la base duquel s’organise l’attribution du pouvoir, c’est d’abord et avant tout la Constitution, elle a posé de manière très claire les conditions d’éligibilité et je vous les ai énoncées. Pour ceux qui n’ont pas encore consulté la Constitution, ils peuvent se référer à l’article 47 de la constitution, je pense en son alinéa 3. La constitution pose clairement deux conditions pour être éligible. La première, c’est qu’il faut être Nigérien d’origine, j’ai expliqué que cette condition, je la remplis. Je suis Nigérien d’origine, et Nigérien d’origine suivant le code de nationalité, c’està- dire être né au Niger de parents nigériens dont, eux-mêmes, sont nés au Niger. Je suis né, je le dis, à Youri et Youri, c’est à quelques encablures de Niamey. Ma mère est de Niamey, mon père est de Youri : Ma mère est née à Niamey, mon père est né à Youri ; je suis né à Youri, je peux donc considérer que je remplis pleinement cette condition. La deuxième condition, c’est qu’il faut jouir de ses droits civiques et politiques et je considère que je jouis pleinement de mes droits civiques et politiques. Vous allez peut-être me ressortir que j’ai été condamné à un (1) de prison. Oui, mes adversaires ont décidé que, pour m’éliminer, il faut me condamner à un an de prison. Ils avaient alors, à juste titre, pensé que cela ne suffisait pas et qu’il fallait que je sois également déchu de mes droits civiques et politiques pour une durée de cinq ans. Le procureur en a exprimé le voeu à la demande du gouvernement, mais le juge qui décide a décidé qu’il n’était pas nécessaire d’aller aux extrêmes. Aussi, a-t-il refusé d’exécuter cette demande. Ceux qui sont en train de dire que je ne serai pas candidat se rabattent sans doute sur les dispositions de l’article 38 du Code pénal qui dit que, de plein droit ; celui qui est condamné à un an de prison perd ses droits civiques et politiques. Mais ils oublient une chose. C’est que le même code pénal, en son ’article 10, pose un principe universel. Il n’y a pas de peine qui soit mise en exécution sans avoir été prononcée au préalable par un juge. C’est un principe qui est dessus de toutes les autres dispositions contenues dans le code pénal. Donc, l’article 38 ne peut s’appliquer que si le juge individualise la peine et ce n’est pas juste un principe, car il n’y a pas d’automatisation en droit en matière de droit pénal. Pour conclure, le juge ne m’a pas condamné à perdre mes droits civiques et politiques. En refusant de m’inscrire sur la liste électorale, le gouvernement a violé la Constitution, et là le gouvernement veut encore violer la Constitution en m’interdisant d’aller aux élections Ce n’est pas une décision de justice, mais plutôt une décision du gouvernement qui veut m’empêcher d’être candidat comme il l’a déjà tenté en 2016. N’ayant pas réussi de m’empêcher d’aller à ces élections, il m’a empêché de faire la campagne électorale en m’emprisonnant. Nous sommes, en réalité, dans un cadre d’abus de pouvoir et non dans un cadre légal. Or, sans la Constitution, ils ne sont rien du tout, ils ne doivent cette place qu’ils occupent aujourd’hui, qu’à la Constitution. Cela veut dire qu’ils ont intérêt à respecter les règles du jeu démocratique.
En ce qui concerne les élections d’un quelconque pays, la part de responsabilité des observateurs internationaux, il faut que les Nigériens sachent que ces observateurs internationaux n’ont pas le droit de s’ingérer dans les affaires internes d’un pays, c’est leur politique. Ils sont là pour surveiller le bon déroulement des élections sans rentrer dans les détails. Leur préoccupation, c’est qu’il n’y ait pas de troubles. Celui qui décide de voler pour se maintenir au pouvoir, au mépris des risques auxquels il expose son pays, peut, donc, le faire sans que la communauté internationale s’en émeuve. Le cas du Burundi est là pour l’attester. Le bonhomme a fait tout ce qu’il y a de plus illégal et pourtant il a réussi à se maintenir au pouvoir et désigner son successeur avant de mourir tranquillement. Le peuple nigérien doit compter sur lui-même pour changer de gouvernant, car, dans aucun pays du monde, la Communauté internationale n’intervient dans les affaires internes d’un pays. A nous de compter sur nous-mêmes.
Ce propos de Hama Amadou est corroboré par le témoignage d’un observateur international qui, selon des confidences faites par un ami nigérien, a déclaré en 2016, dans les couloirs du Palais des congrès : « Nous sommes là pour observer le bon déroulement des élections, et c’est ce qui s’est passé dans l’ensemble : le reste ne regarde que le peuple nigérien dans son ensemble ».